Eli

Le bonheur d’après moi

20 mars, journée internationale du bonheur dit-on. Et bien, voyez-vous, je ne connaissais  que la journée de la francophonie. Quant à l’autre journée, issue d’une résolution récente de l’ONU, c’est en lisant un journal que je l’ai découverte. Comment vous sentez vous aujourd’hui ? Content, déprimé, ou triste ? Messieurs et dames, l’ONU vous invite à promouvoir le sentiment de bonheur aujourd’hui.

L’idée de promouvoir le bonheur, elle n’est pas si mauvaise dans le monde d’aujourd’hui où les peines quotidiennes nous font perdre la joie de vivre, l’habitude de se sentir bien dans sa peau. C’est une journée qui gagne un intérêt particulier cette année puisqu’elle coïncide avec la tendance du moment : le phénomène « happy », l’appel à la joie de vivre impulsé par la chanson à succès de l’américain Pharell Williams.

Mais en fait, que faut-il mettre dans le mot bonheur ? Avec les disparités socio-économiques dans le monde, la question s’impose. La notion de bonheur varie d’un environnement à un autre, d’une classe sociale à une autre, d’un pays à un autre. Une chose est sûre, là où beaucoup vivent avec moins d’un dollar (500 F CFA) par jour le bonheur n’est pas vu de la même manière qu’ailleurs. Beaucoup ont tendance à le réduire à sa sphère matérielle. Ils assimilent le bonheur au fait de disposer de moyens en abondance. J’estime que cela ne correspond qu’à une partie de l’image du bonheur. Si le bonheur en lui-même ne se limitait qu’à l’élément matériel, je me demande si le mot existerait dans certaines parties du monde. Heureusement, ce n’est pas le cas puisqu’il doit être appréhendé dans un sens plus large.

Bien plus que la richesse matérielle, il s’agit d’une façon de vivre, d’un plaisir intérieur qu’on peut tirer de gestes simples. Comme cette sensation que j’ai eu un jour où j’ai arraché le sourire à un petit enfant démuni de mon quartier en lui remettant un de mes vieux livres du cours primaire. L’abbé Pierre disait : « Un sourire coute moins cher que l’électricité, mais il donne autant de lumière ».

Par un geste anodin, j’avais eu l’impression de faire le bonheur d’autrui. Peut-être direz-vous que cette notion de la chose est minimaliste parce que l’on aspire toujours au meilleur dans sa vie. Ce n’est pas faux, mais il faut admettre qu’une vie sans problèmes n’existe pas et que par conséquent il nous faut être reconnaissants pour chaque jour que l’on vit. Car tant que l’on vit on peut toujours garder espoir.

Malgré tout, j’aimerais demander à messieurs les fonctionnaires de l’ONU si les Togolais sont aussi concernés par cette journée, ces pauvres Togolais que l’ONU a classés selon d’étranges statistiques comme les plus tristes au monde.

En tout cas, le Togolais que je suis a aussi droit au bonheur comme tout être humain sur Terre et je ne vois pas en quoi le Togo serait plus difficile à vivre que d’autres pays sur la planète. Les intellos de l’ONU devraient savoir que le bonheur est relatif. D’ailleurs plutôt que de perdre du temps à savoir qui dans le monde est le plus triste ou non, ils gagneraient mieux à aider les hommes victimes de conflits dans le monde à retrouver une raison de vivre.

Parlant de conflits, il faut dire que cette fameuse journée du bonheur n’est sûrement que futilité dans un pays comme la Centrafrique, la Somalie ou la Syrie. Difficile de donner un sens au bonheur quand on doit laisser derrière ses proches aux corps décapités pour fuir la barbarie, ou vivre chaque jour dans la terreur avec le cliquetis des armes et le grondement des roquettes. Dans de telles situations, le bonheur est une chose lointaine qui a quitté les hommes. Dans ces zones de conflit, c’est devenu quelque chose de plus que secondaire parce que le monde s’est transformé en enfer.

 Là bas, ce qui pourrait être le bonheur des hommes n’est rien de grand. C’est une chose tellement simple, mais inaccessible face à la persistance du conflit. Il s’agit tout simplement de trouver la paix pour un nouveau départ, pour reprendre le cours normal de la vie là où on l’a laissé et tenter de reconstruire une vie brisée par la haine et la violence.

Parce que tous les hommes n’ont pas la chance de vivre dans la paix, il serait égoïste en cette journée du 20 mars de s’en tenir uniquement à son humeur sans se rappeler qu’il y a tant de personnes qui ont de moins en moins de raisons d’être heureux. Le 20 mars doit être l’occasion pour nous de voir le bonheur comme un droit et faire un effort chacun selon ses moyens pour que ce monde soit meilleur à défaut d’être parfait.

Pour Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU : « Chacun peut avoir sa conception du bonheur, mais personne ne saurait contester qu’il signifie faire cesser les conflits et mettre fin à la pauvreté et aux autres conditions déplorables dans lesquelles tant de nos semblables vivent. »

Il ne devrait pas s’agir seulement d’un jour d’expression béate de bonnes émotions, mais d’un jour d’actions pour le bonheur des hommes. Par actions j’entends non pas des actes extraordinaires, mais des actes qui ne coûtent absolument rien et dont on n’a pas toujours le réflexe comme le fait de partager son pain avec celui qui a faim, ou d’offrir un peu de ce qu’on a à celui qui est dans le besoin.

Pour ceux des pays en guerre, pour les frères de Somalie, de la Centrafrique, de la Syrie une pensée m’anime en ce jour et je prie pour un retour à une vie normale. Je prie pour que tous les hommes se sentent heureux… comme ces Togolais (voir vidéo).

we are happy from lome


Préparation du Mondial 2014,premier bilan des écuries africaines

credit:deredactie.be
credit:deredactie.be

Pour ce  nouveau billet, c’est ma passion du foot qui parle. Une passion davantage stimulée par l’attente du coup d’envoi de la compétition la plus prestigieuse : la coupe du monde 2014 au Brésil. Alors qu’il ne reste plus que quelques mois avant cet évènement, je brule d’impatience et j’ai hâte de le suivre sur le petit écran à défaut d’y assister sur place comme certains dont Serge Katembera. Mais en attendant, intéressons nous un peu aux forces africaines en présence. Jetons un regard sur les équipes africaines de ce mondial et sur les chances de chacune.

Le 4 mars dernier journée FIFA, les équipes qualifiées ont eu l’occasion de se jauger au cours de matches amicaux et ce fut aussi le cas pour les représentants africains. Il y avait donc eu de belles affiches au parfum de finale (Espagne-Italie) et du spectacle avec une avalanche de buts (RSA 0 Brésil 5 ; Portugal 5 Cameroun 1)

La forme affichée par ces équipes lors d’un premier test permet de juger du niveau de ces équipes, du moins de leur niveau actuel même s’il faut admettre qu’un match amical ne remplace jamais un match officiel. En observateur averti, j’ai apprécié diversement les prestations des différentes équipes du continent. Il faut dire que dans l’ensemble les résultats sont mitigés voire inquiétants puisque sur les 5 matches on compte une victoire, deux nuls et deux défaites. Un bilan pas trop reluisant pour des équipes qui ont pourtant l’expérience des grandes compétitions. Dans le lot, il y a certaines qui font bonne impression tandis que d’autres m’ont plutôt déçu.

LES ÉQUIPES EN FORME

Algérie : seule équipe maghrébine parmi les qualifiés, l’Algérie ne me semblait pas faire partie des cadors dans ce groupe des cinq. Elle était pour moi la dernière équipe sur qui compter au mondial. Mais j’ai du déchanter face au jeu affiché par les Fennecs lors du dernier match amical face à la Slovénie. Composée de joueurs techniques, cette équipe manquait d’efficacité devant les buts avant ce match contre la Slovénie battue par 2 buts à 0. Histoire de prouver qu’ils sont capables de mettre à profit leurs qualités techniques. Logée dans un groupe relativement relevé l’Algérie avec un début de cohésion dans le jeu me parait capable de créer la surprise. Tout de même il  lui faut confirmer sa bonne forme sur la durée.

Nigeria : entrainés par l’expérimenté Stephen Keshi, les Super eagles ont tenu en échec le Mexique (0 but partout) dans un match encourageant pour la suite. Bien que pauvre en buts ce match confirme que l’équipe de Keshi monte en puissance. Ce dernier a imprimé un nouveau style à une équipe du Nigeria qui depuis un moment n’était qu’un ramassis de stars. Il a construit une équipe de jeunes dotée d’un esprit collectif et le résultat ne s’est pas fait attendre : à la CAN 2013, le Nigéria a retrouvé les sommets. N’en déplaise à ses détracteurs. La discipline tactique et l’homogénéité devraient être les atouts de cette équipe au Brésil. Si le Nigéria comme l’Algérie semble afficher une forme positive, les autres ont brillé par leurs piètres performances.

LES ÉQUIPES EN MÉFORME

Cameroun : les Lions sont au premier rang de ces équipes, et le mot « méforme » est peut être  trop faible pour qualifier leur niveau. Contre le Portugal, l’addition a été salée : 5 buts à 1. Cristiano Ronaldo ayant profité pour battre le record de buts en sélection pendant que Samuel Eto’o était à peine visible sur le terrain. Ce résultat n’est pas étonnant. Il confirme tout simplement que cette équipe est fissurée sur et hors du terrain par des conflits entre joueurs. Les talents ne manquent pas mais l’équipe souffre d’un problème de management et de leadership au niveau de certains joueurs. D’ailleurs ils doivent en partie leur qualification à la chance puisqu’ à cause d’une faute de sa fédération, le Togo a perdu les 3 points de sa brillante victoire contre les Lions à domicile. Placés dans le groupe du Brésil et du Mexique, je pense que les Lions n’ont que de maigres chances.. mais on sait jamais

-Cote d’Ivoire : les Eléphants sont un cas étrange. Ils débutent chaque compétition en favoris et sortent par la petite porte au point que les supporters eux-mêmes n’attendent plus grand-chose. Le match contre la Belgique était l’occasion de défendre leur statut de meilleure équipe africaine mais le niveau de jeu proposé était à peine passable. Largement dominés par la Belgique qui leur a flanqué 2 buts, les Ivoiriens ont du recourir à l’inévitable Drogba pour arracher le match nul dans la douleur. Il faut remarquer que jusqu’à présent, l’équipe reste un groupe de stars qui ne savent pas jouer ensemble et qui comptent sur des exploits individuels.Je doute même qu’ils en soient conscients quand j’entends certains d’entre eux prétendre qu’ils ont livré un bon match. A cette allure, ce mondial risque d’être un fiasco de plus pour cette équipe à moins qu’elle ne se ressaisisse.

-Ghana : quart de finalistes du dernier mondial, les Black stars restent une valeur sure. Mais leur défaite contre le Monténégro (1-0) a été une véritable surprise. D’abord parce que le Monténégro n’est pas du calibre de l’Allemagne et du Portugal, leurs adversaires au mondial et parce que les ghanéens ont produit un jeu sans piment, incapables de trouver la faille. A quelques mois du mondial, ce résultat est décevant quand on sait qu’ils auront à faire au groupe de la mort. Tout compte fait, ils ont encore une marge de progression et ils ont intérêt à retrouver leur meilleur niveau.

Enfin bref voici pour le moment le premier bilan de ces équipes selon moi. Ce n’est pas un bilan statique puisque la donne peut changer à tout moment. Il n’y a pas de vérité toute faite et seule la vérité du terrain compte en tout cas. Pour le moment,faites vos pronostics.


Des campagnes aux marchés, hommage aux femmes du Togo profond!

 

Femme africaine femme, africaine, bébé, enfant, mère Dessin à la main / Peinture
credit: drawin.fr

Cette journée du 8 mars a bien fini par s’ancrer dans ma jeune cervelle. Bien que ce soit une occasion pour certains de sublimer la femme par suivisme, j’ai finalement pu lui trouver son mérite. Pour cette femme qui m’a donné la vie et qui par son éducation a forgé le jeune homme que je suis, pour celles là qui sont présentes dans la vie de  leur mari, leur frère ou leur enfant, une seule journée suffit elle pour leur rendre l’hommage mérité ? Tout de même, cette journée internationale de la femme a le mérite de mobiliser l’attention du monde sur la place qu’occupe-ou que doit occuper-la gente féminine dans nos sociétés.

Ce poème de Camara Laye qui a bercé mon enfance aux heures de cours primaire ne peut trouver meilleure occasion de retentir encore dans mon esprit et me faire réciter:

Femme noire, femme africaine,
Ô toi ma mère, je pense à toi
Ô Dâman, ô ma mère, toi qui me portas sur le dos,
Toi qui m’allaitas, toi qui gouvernas mes premiers pas,
Toi qui, la première, m’ouvris les yeux aux prodiges de la terre,
Je pense à toi…
         

Loin des initiatives des intellos de l’ONU, les nombreuses femmes qui vivent en milieu rural ignorent dans leur majorité l’existence d’une quelconque journée de la femme. C’est en tout cas ce que j’ai appris en écoutant un échantillon de personnes interrogées sur une radio locale. Pourtant ce sont ces femmes de l’ombre, ces femmes du Togo profond qui méritent d’être mises en avant à cette occasion.

Alors qu’elles n’ont presque rien dans un milieu extrêmement pauvre, elles trouvent la force de se battre pour vivre au jour le jour. Ce sont des femmes qui par des activités agricoles ou artisanales cravachent pour avoir de quoi faire vivre leur famille. Cultiver les champs pour trouver à manger, écraser les noix de palme pour faire de l’huile de palme, travailler le manioc pour produire de la farine, voilà des activités parmi tant d’autres que vous trouverez des femmes mener dans les villages avec abnégation car elles savent que leur autonomisation dépend de leurs efforts.   

Cette journée du 8 mars a quand même une saveur un peu amère quand je pense à la situation de ces femmes commerçantes qui se reconstruisent difficilement un an après l’incendie des grands marchés de Lomé et de Kara qui a détruit le fruit de plusieurs années de dur labeur.

Ce drame a été dévastateur et Dieu seul sait à quel point ces femmes ont été dépouillées. Certaines d’entre elles, avec un mari au chômage ou absent supportent à elles seules toutes les charges de leur famille et on peut imaginer leur douleur suite à un tel drame. Dans un élan de solidarité des actions ont été menées à leur endroit. Par exemple un téléthon fut organisé pour elles mais dont les fonds n’auraient pas été restitués en totalité malgré les promesses. Elles ont également bénéficié d’un accompagnement financier des autorités mais tous ces gestes ont à peine suffi à combler les lourdes pertes. Si les commerçantes de Kara disposent désormais d’un nouveau marché, celles de Lomé installées sur un site provisoire restent dans l’espoir d’un nouveau départ. Même si le tort causé par ces incendies est irréparable, j’en appelle ici à la prise de conscience des autorités. Elles ont le droit de savoir ce qui s’est passé. Je les prie donc de mettre du sérieux dans les enquêtes, si enquêtes il y a, pour que les vrais responsables soient punis.     

Au delà de tout, cette journée est aussi le moment de s’arrêter un peu sur l’état actuel de la femme dans notre pays et penser à son évolution.

Peut-on dire que quelque chose a changé dans la situation de la femme dans ce pays ? La réponse ne pourrait être totalement négative. En termes d’accès des femmes aux sphères politiques de décision, il faut remarquer un début d’évolution dès lors qu’elles sont de plus en plus présentes dans les institutions, par exemple au niveau des organes exécutif et parlementaire. Ceci est soutenu par un travail de sensibilisation mené sur le terrain par des ONG qui font dans la promotion des droits des femmes. Malheureusement cette évolution reste timide puisque la gestion des affaires publiques n’est pas participative faute de mise en œuvre de la décentralisation, et pour voir une femme Premier Ministre ou Présidente de la république dans ce pays le  chemin est encore long.

Sur le plan socio économique la situation est encore plus morose. Même si de plus en plus de femmes accèdent à l’emploi, l’égalité d’accès au travail avec les hommes n’est pas totalement respectée. Il y en a qui sont victimes de harcèlement au travail tandis que d’autres font l’objet de chantages quand elles demandent un emploi. D’ailleurs elles n’ont pas toutes la chance de se prévaloir des compétences requises pour chercher un emploi parce que l’accès à l’éducation reste un défi.

Un nombre important de jeunes filles surtout dans les milieux reculés n’arrivent pas à se maintenir dans le système scolaire parce que la pauvreté ou les grossesses non désirées les obligent à la rupture de bancs. Dans ces milieux les femmes âgées sont pour la plupart analphabètes. Elles dépendent de leur mari et subissent le poids des traditions et coutumes qui les relèguent à une place inférieure.

Tout ce tableau mitigé montre que beaucoup d’efforts restent à faire pour arriver à une société où les femmes auront les mêmes droits que les hommes car l’égalité de droits entre hommes et femmes consacrée par la loi n’est pas vécue dans la réalité.

Pour y parvenir il n’y a pas meilleure arme que l’éducation des plus jeunes qui sont la relève d’un pays. En accordant une importance particulière à la question du genre dans les programmes scolaires, les gouvernants pourront faire émerger une société moderne respectueuse des droits de la femme. A ce propos il faut saluer le travail avant-gardiste des ONG de défense des droits des femmes qui tentent de porter vers les populations la notion d’égalité des genres. Dès lors qu’elles sont une franche majoritaire de la population l’émancipation des femmes revient à émanciper la nation entière. 

Sur ce, j’ai envie de dire « tant vaut (la femme), tant vaut la nation ».       


Démolitions en cascade à Lomé : ça casse pour faire joli !

Il sonnait 13 heures dans mon quartier mardi dernier quand un bruit étrange m’arrachait à ma savoureuse sieste. C’était un bruit fort qui résonnait avec insistance de l’extérieur. Un bruit de tôles et aussi des voix d’individus. Bon sang, que se passe t-il au juste ? Le vacarme était tel que je ne pouvais rester indifférent. Je décide alors de sortir pour comprendre ce qui se passait. C’était une scène particulière qui se déroulait dehors.

Sur la route bitumée qui était à proximité de chez moi, les riverains se sont attroupés pour observer un spectacle désolant. En réalité des hommes en gilets estampillés « PRÉFECTURE DU GOLFE » -sans doute des agents de la préfecture- et munis de marteaux détruisaient l’un après l’autre des baraquements dressés aux abords de la route par des commerçants. Tout cela se passait au désarroi de ces commerçants dont certains en colère lançaient des injures aux agents. Ils semblaient désemparés en voyant leur fonds de commerce complètement rasés, leur gagne pain confisqué. D’où la frustration et le mécontentement de la population qui ne comprenait pas le bien fondé d’une telle action.

A vrai dire il s’agit des baraques qui empiètent sur la voie publique. Cette opération s’inscrit donc dans une volonté des pouvoirs publics de réaménager les villes. Depuis que le pays est entré en chantier avec des travaux routiers à Lomé et d’autres villes. Les autorités ont apparemment décidé de faire respecter strictement la délimitation des voies publiques. La guerre contre l’occupation anarchique des voies s’annonce. Ces démolitions en cascade seraient le prix à payer pour faire de Lomé une capitale digne de ce nom. Vous connaissez bien le dicton, on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs.

 

                                                                    Quelques images des démolitions

credit:eli.mondoblog.org
credit: eli.mondoblog.org

Profitant de l’inexistence d’un plan d’urbanisation, les gens ont pris l’habitude de s’installer au bord des routes pour étaler leurs produits. Pour installer son commerce, pas besoin de chercher une place dans un marché ou dans un immeuble, il suffit de choper un espace libre sur le trottoir et le tour est joué. C’est comme si à Lomé on avait horreur du vide. Pendant longtemps, les pouvoirs publics ont laissé faire ces choses, faute de politique urbaine bien établie. Aujourd’hui c’est à une véritable gangrène dont ils doivent faire face et les citoyens sont obligés du jour au lendemain de changer les vieilles habitudes.

Il est vrai que cette opération est dans l’ordre logique des choses puisque ce qui relève du domaine public comme les routes ne peut être approprié anarchiquement par les particuliers que nous sommes, mais les populations voient autrement cette intervention de la préfecture. A entendre bon nombre de riverains, cette opération serait un coup porté à leur situation économique déjà alarmante. Il s’agirait plus d’un tort causé à la population que d’un bienfait.

La plupart de ces commerçants qui empiètent sur les voies publiques ne le font pas délibérément. Ils se mettent dans cette situation irrégulière par nécessité parce qu’ils n’ont pas forcément les moyens de s’installer dans un lieu approprié. Ce sont des gens étouffés par la misère qui ont besoin de trouver de quoi survivre. Ces petits commerces érigés au bord des routes seraient des alternatives désespérées à la misère et au chômage. Du coup la plupart des personnes concernées croient qu’on les pousse davantage vers la précarité puisqu’elles sont privées de sources de revenus.

Comment pourraient-ils donc comprendre le bien fondé de cette initiative puisqu’elle semble leur faire plus de mal que de bien ?    

Au-delà des inconvénients sociaux des démolitions, toute cette incompréhension est due à la carence de communication de la part des autorités compétentes.

C’est vraiment le bat qui blesse dans cette histoire. Au lieu de se contenter de mettre de l’ordre dans la ville, les pouvoirs publics devraient prendre le temps d’engager une démarche d’explication à l’égard des populations parce que beaucoup ignorent que les voies publiques ne doivent pas être occupées n’importe comment.

Si le but visé est de changer les comportements, alors les autorités locales doivent prendre sur elles et mener des campagnes de sensibilisation pour faire comprendre le bien fondé de leur initiative. De plus, il ne faudrait pas que les démolitions créent plus de pauvres qu’il n’y en a déjà. C’est pourquoi il est important d’aider les commerçants visés à s’installer à des endroits plus appropriés comme au niveau des marchés.    

C’est seulement à ce prix qu’on réussira à intégrer un nouveau comportement dans la vie quotidienne des populations. Sinon, le naturel risque de revenir au galop. A bon entendeur…                    


Quand la Saint-Valentin fait pleurer Saint Valentin

Sentiments et marketing
credit:republicoftogo.com

Elle vient encore de passer, l’inévitable Saint-valentin ou fête des amoureux, avec la bonne dose de tintamarre médiatique qui s’ensuit chaque année. Difficile de l’ignorer face aux médias qui vous en mettent plein les yeux et vous bombardent de spots publicitaires et de chansons d’amour à longueur de journée. Même Lomé s’est mis aux couleurs de l’amour (voir image ci-dessus).

 Trouver le moyen de faire plaisir à sa Valentine, ce devait être le souci premier d’un bon nombre de personnes en couple.A cette occasion aucune formule n’est de trop pour magnifier son sentiment pour autrui: »tu es la prunelle de mes yeux », »tu es ma raison de vivre », »tu es la lumière qui éclaire mes nuits », et je ne sais quoi encore. Avez-vous peut être passé la semaine à gamberger sur ce qu’il fallait faire avec votre partenaire ? En tout cas en ce qui me concerne, j’avais un souci de moins et la journée est passée presque inaperçue puisque je n’avais pas de Valen… Zut ! Attention à ne pas le dire tout haut de peur de tomber sur une opportuniste. Et c’est ce dont je me suis rendu compte en ayant reçu avec étonnement à la veille de la Saint Valentin un sms d’une liane demandant à me rencontrer. Une liane pour qui j’avais peu d’intérêt et à qui j’ai dit quelques jours plus tôt que je n’étais pas engagé. Ça c’est une autre histoire, bref passons.

Avec tout ce qu’on observe dans son déroulement, je me pose cette question : la Saint Valentin n’a t elle pas tout perdu du sens originel qui lui fut imprimé à son institution ?

Concernant les origines de cette fête, il faut savoir que d’abord fête païenne, elle a été récupérée par l’église Catholique pour célébrer le courage d’un prêtre du nom de Valentin ayant vécu au Moyen Age dans l’empire romain et qui serait mis à mort le 14 février 268 pour avoir célébré clandestinement des mariages qui étaient interdits par l’empereur romain de l’époque. L’idée au départ était donc de perpétuer l’esprit de l’action de Saint Valentin, c’est-à-dire mettre en valeur l’idéal chrétien de l’amour conjugal, sincère et solennel. Aujourd’hui, tout porte à croire que la Saint-Valentin est détournée de cette finalité et que le martyre Valentin ne mérite plus vraiment la paternité de la Saint-Valentin. 

La Saint Valentin ou le trafic de l’amour

Cet évènement est le moment d’arracher quelques cadeaux, profits ou opportunités à un copain habituellement tatillon et avare. C’est pour certains le moment de faire obligatoirement un geste à l’endroit de son conjoint sous peine d’être traité de tous les noms d’oiseaux. L’amour qu’on prétend célébrer est parfois dénué de toute sincérité surtout lorsque les infidèles se mêlent à la danse. Hier encore, un ami très proche me confiait le secret de son double jeu. Celui-ci a passé la Saint-Valentin dans les bras de son amante avant de s’occuper le weekend, de sa femme à qui il fait croire qu’il était en mission ce vendredi.

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credit:lefigaro.fr/stephane manel

La Saint Valentin c’est avant tout un évènement commercial. Les idées ne manquent pas pour se faire un peu d’argent à cette occasion. On prend d’assaut les chaines de radio et télévision pour proposer aux amoureux divers produits pour les pousser à la consommation. Des produits ou activités à la portée de toutes les bourses. Vêtements,bijoux,fleurs abondent sur le marché. Les discothèques rivalisent d’imagination pour attirer les couples à leurs soirées dansantes. Même si les temps sont durs on est prêt à faire le sacrifice le temps d’une soirée entre amoureux. . Forcément le sentiment qu’on veut manifester devient intéressé et fixé sur le matériel.

Ce que je trouve d’encore plus dramatique, c’est cette marmaille de jeunes adolescents qui s’intéressent de plus en plus à l’évènement qu’ils ont tendance à voir comme l’occasion de consolider leur relation sexuellement.

Saint Valentin ou Sexe Valentin

Sexe Valentin, le mot n’est pas trop fort puisque malheureusement il faut reconnaitre que de nos jours cette fête devient centrée sur le sexe. Visiblement nous n’avons pas la même conception de l’évènement puisqu’il y a des pratiques qui révèlent une idée complètement tordue que certains ont de la chose. En réalité pour certains la Saint Valentin n’est rien d’autre qu’une aubaine sexuelle. Les plus vicieux attendent ce moment pour que la copine -permettez le terme- passe à la casserole. Les plus jeunes sont nombreux à vouloir s’offrir des moments de plaisir sexuel à cette occasion au risque de mettre en danger leur vie avec des rapports non protégés.

C’est un véritable festival du sexe qui se déroule, un festival marqué par une permissivité déconcertante. Les plus jeunes vont ainsi à la découverte du fruit défendu. On se livre à cet effet de mode qui consisterait à aller avec son copain dans un lieu où l’amour est sacrifié sur l’autel..ou plutôt sur le lit d’un coït sans lendemain. Le comble de l’idiotie c’est que certains considèrent même que le sexe pendant la Saint Valentin serait le moyen de sanctifier leur relation. Même si chacun est libre de vivre sa vie de couple comme il l’entend il me parait quand même bien absurde de résumer l’évènement au sexe.    

En quoi la Saint Valentin est elle alors la fête des amoureux si en réalité elle est un prétexte à des excès et dérives. A t elle encore une raison d’être si on admet que l’amour doit se manifester et se vivre quotidiennement et non occasionnellement. J’estime que les amoureux qui se vouent mutuellement un sentiment sincère n’ont pas besoin d’attendre le 14 février pour prouver l’un à l’autre leur amour et intensifier leur relation.

Honnêtement je préfère faire un geste envers mon partenaire un autre jour que la Saint Valentin pour ne pas avoir l’impression d’agir par contrainte ou par simple conformisme.

Pour finir je vous invite à savourer cette belle mélodie en spéciale dédicace à tous les amoureux, ne serait ce que pour consoler notre pauvre Saint Valentin dont la fete porte le nom.