Eli

Que de découvertes à Grand Bassam !

une vue de la plage de grand bassam eli.mondoblog.
Une vue de la plage de grand bassam
eli.mondoblog.org

La Côte d’Ivoire, depuis le 2 mai 2014 accueille la formation annuelle de Mondoblog qui rassemble en cette année près de 70 mondoblogueurs et pour laquelle j’ai eu l’honneur d’être sélectionné. Alors que nous en sommes au cinquième jour de formation, je ne saurais passer sous silence cette belle expérience que je partage avec les autres mondoblogueurs présents. Mon premier séjour en Côte d’Ivoire est fait de découvertes aussi épatantes les unes que les autres.

Dès que je pose mes valises à notre hôtel à Grand Bassam, je découvre avec immense bonheur des visages de blogueurs issus d’horizons divers. Je me suis senti enchanté de rencontrer des hommes et femmes venus d’Afrique et même de très loin notamment des Antilles (Haiti), d’Australie pour partager la passion de bloguer. Plongé dans la diversité culturelle de la francophonie à cette occasion, je prends du plaisir à côtoyer ce petit monde et savourer à travers les conversations du français teinté d’accents tropicaux.

 J’avoue que j’ai été charmé par ce que j’ai pu observer dans le paysage de la ville hôte, Grand Bassam. Qualifiée d’historique pour avoir été une ancienne capitale du pays, Grand Bassam est une ville qui m’a séduit par son aspect balnéaire. Sa façade sur l’océan Atlantique permet de contempler une plage magnifique à laquelle nous pouvons accéder à l’hôtel. La vue sur la plage est irrésistible, à tel point que je n’ai pu m’empêcher de prendre part à une partie de foot entre blogueurs dans le sable fin de la plage.

Après deux jours d’installation des invités, la série de formations débute avec une présentation sur la vérification des informations assurée par Julien Pain, initiateur des Observateurs de France 24 (que je découvre en vrai).

 

eli.mondoblog.org
eli.mondoblog.org

Son exposé m’a permis d’apprendre bien de choses sur la question. Après avoir évoqué les risques que peuvent encourir les auteurs d’images amateurs il a eu le mérite d’attirer mon attention sur l’importance pour les médias de vérifier l’authenticité des images et vidéos recueillies. A la lumière d’un test sur l’authenticité d’une série d’images diffusées par les médias, j’étais tout ébahi de comprendre que des images qui semblent réelles à première vue peuvent s’avérer trompeuses du fait qu’elles ont été retouchées.

Une découverte en appelle une autre : le datajournalisme, une nouvelle forme de journalisme que Pierre Romera de J++ nous a fait connaitre. Le datajournalisme révolutionne le travail de diffusion de l’information dès lors qu’il permet de croiser, d’analyser et de visualiser l’information. La production de données statistiques n’est plus l’apanage des techniciens puisqu’elle est désormais accessible au journaliste. Ce fut l’occasion de connaître d’abord le crowdsourcing qui consiste à collecter auprès d’un groupe de personnes des informations pour produire des données, puis des techniques relativement simples qui permettent de produire des données statistiques à partir du très usuel outil de Microsoft qu’est Excel.

Après cinq journées de découvertes avec d’autres mondoblogueurs je suis certain qu’il en reste encore à apprendre, à assimiler pour un travail de meilleure qualité. voici ainsi dévoilées mes toutes premières impressions sur la formation Mondoblog.En attendant de vous faire part de la suite de mon aventure ici.


Les casques pour moto, nouveau business en vogue à Lomé

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Visage abstrait avec casque rouge
credit image : Rafael Torres Castaño

Les Togolais qui pour la plupart prenaient des libertés avec le port du casque sur leur engin à deux roues se trouvent obligés aujourd’hui de renouer avec les bonnes habitudes. Jusqu’alors bon nombre de conducteurs circulaient sur les routes en négligeant leur sécurité au volant ou sur la moto. Ils ont pris l’habitude de se déplacer à bord de leur véhicule sans mettre la ceinture de sécurité ou porter le casque. C’est un comportement devenu très banal à Lomé sous le regard indifférent des agents de police régulant la circulation sur les voies publiques.

Mais depuis quelques mois la sécurité routière semble être un sérieux problème national que le gouvernement togolais a décidé de prendre à bras le corps. Au point que le président dans son discours de la veille du 27 avril, fête de l’indépendance, a décrété une « année de la sécurité routière ». En réalité les routes togolaises à la lumière des statistiques paraissent dangereuses : selon les chiffres du ministère de la Sécurité, près de 4 000 morts sont recensés depuis 2008 et 1 451 accidents relevés au premier trimestre 2014. L’opinion publique a été récemment choquée par un terrible accident de circulation qui a eu lieu le 14 avril dernier tuant 47 personnes suite à une collision entre un autocar et un camion.          

Face à l’hécatombe les autorités ont décidé de prendre le taureau par les cornes. Ainsi dans le but de faire respecter le nouveau code le la route, le gouvernement par voie de communiqué décide d’intensifier les contrôles diurnes et nocturnes de police sur l’étendue du territoire. Policiers et gendarmes sont donc déployés sur les voies pour exhorter les automobilistes et motocyclistes à se mettre en règle avec le code de la route. Au bout de quelques jours, l’opération commence à porter ses fruits. La peur des hommes en uniforme aidant, la majorité des conducteurs se sont mis au pas. Beaucoup n’osent plus circuler sans porter leur casque ou leur ceinture de sécurité.

Cependant, le retour de la sécurité sur les routes devient visiblement une aubaine commerciale au désarroi des usagers de la route. Les vendeurs en profitent pour faire de la spéculation puisque le prix du casque a subitement grimpé. Normalement vendu à 5 000 francs Cfa, le casque se vend aujourd’hui à 7 000 francs Cfa ou même à 10 000 francs Cfa. Conscients du boom que connait la vente de motos, les commerçants sautent sur l’occasion pour faire de la surenchère. L’ «occasion fait le larron » dit-on.

D’ailleurs dans mon quartier, j’ai pu constater que des vendeurs de casques se sont installés dans un but stratégique à proximité des routes étroitement contrôlées. Ils attendent tranquillement que des contrevenants interpellés par les officiers de police viennent à eux pour leur vendre des casques à un prix qui peut représenter le double de l’initial. En termes de culture capitaliste, le Togolais n’a rien à envier aux Américains. Dans un contexte de pauvreté, il recherche inlassablement la moindre opportunité de réaliser du profit et tous les moyens sont bons pour se faire de l’argent. Loin de moi toute intention de taxer les Togolais de cupidité, car ce serait m’insulter moi-même, mais j’estime que cette surenchère n’a pas lieu d’être. Elle serait plutôt un obstacle à la réussite de la sensibilisation générale qui prévaut actuellement dans le pays. Avec ces nouveaux prix certains auront même du mal à acquérir des casques et surtout de bons casques.

En ce moment où l’on cherche à améliorer la sécurité routière pour protéger des vies, une telle spéculation est inopportune. Il revient donc aux autorités concernées de prendre des dispositions pour suivre l’évolution de ces prix et rendre les casques accessibles à la population. 

 

     

 


Bouteflika, le révélateur d’une maladie politique en Afrique

Abdelaziz Bouteflika.
Abdelaziz Bouteflika crédit: Farouk Batiche/AFP

Les Algériens sont appelés à élire leur prochain président ce 17 avril 2014 dans un scrutin au scénario prévisible. L’élection présidentielle en Algérie à mon avis risque de prendre l’allure d’une formalité dès lors qu’au vu des forces en présence on peut déjà se permettre d’imaginer celui qui sortira victorieux de cette course. Peut-être que d’aucuns me reprocheraient de vouloir anticiper sur l’épilogue de cette élection, mais j’estime qu’il faudrait un miracle pour faire échec au vieux Bouteflika, au pouvoir depuis 1999.

En effet, ce dernier ne semble pas près de quitter les affaires à la tête du pays, et ce n’est pas la maladie qui lui fera changer d’avis. En apprenant la candidature du président sortant, cet homme qui cache mal des signes de méforme, j’ai d’abord cru à une blague avant d’être forcé d’avaler la couleuvre. En tout cas il peut compter sur une police plutôt douée quand il s’agit d’étouffer le ras-le-bol de ces Algériens qui élèvent leur voix pour tenter de le ramener à la raison. Je me sens intrigué par cet entêtement d’Abdel Aziz Bouteflika. Comment comprendre qu’un homme affaibli par l’usure du temps et la maladie s’obstine à se cramponner au pouvoir ? Lorsqu’on n’a plus les aptitudes nécessaires pour diriger comme il se doit, le bon sens voudrait que l’on se retire sagement pour céder la place à des personnes plus dynamiques. Malheureusement, il me semble que ce bon sens est absent des sphères du pouvoir politique en Afrique.

 Rien de nouveau

En réalité, le cas algérien est loin d’être isolé sur le continent. Il ne fait qu’illustrer une maladie bien plus partagée que celle dont souffre Bouteflika. Il s’agit de la boulimie du pouvoir qui perdure depuis plusieurs années. Comme le président algérien, bon nombre de ses homologues ont tenté et tentent toujours de prolonger les délices du pouvoir malgré des obstacles liés à leur état de santé ou à la Constitution. Ils n’osent pas imaginer une vie en dehors de la fonction présidentielle. Il n’y a que la mort qui puisse marquer la fin de leur mandat. Plutôt mourir que de quitter le pouvoir ! C’est une philosophie qui se traduit bien dans les faits puisqu’on a vu tant de personnes diriger leur pays jusqu’à la mort.

Ces pays africains où l’alternance se déroule sereinement dans le respect des règles du jeu démocratique sont encore rares. Aujourd’hui, beaucoup de dirigeants conservent le pouvoir par tous les moyens. En promenant le regard sur la carte du continent on remarque qu’il y a de nombreux chefs d’Etat qui dirigent leur pays depuis des décennies et qui à chaque fin de mandat cherchent à rempiler. Permettez que je me prive d’en dresser ici la liste, ce serait trop fastidieux ! A titre d’exemple, le Zimbabwe depuis son indépendance est toujours gouverné depuis 1987 par Robert Mugabe qui n’a rien à envier à Bouteflika en termes de longévité.

 Une maladie politique aux conséquences néfastes

Lorsque l’exercice du pouvoir est monopolisé, ce sont les citoyens qui en subissent les dures conséquences. Cette soif de pouvoir est souvent porteuse de crises dans les pays à partir du moment où le chef se permet de contourner les règles du jeu démocratique prévues par la Constitution pour assouvir ses intérêts. Ainsi les élections se déroulent dans des conditions irrégulières et débouchent sur des conflits qui parfois coûtent la vie à des innocents.Le Togo en 2005 et le Kenya en 2007  en ont fait l’amère expérience.

La phobie de l’alternance pousse certains à envisager des réformes constitutionnelles pour sauter le verrou de la limitation de mandats, ce qui crée des tensions sociopolitiques comme au Burkina Faso où la société se mobilise contre des velléités de passage en force constitutionnel. On se souvient encore des frasques de Mamadou Tandja au Niger qui ont conduit à un coup d’Etat.

En clair, les étourderies de Bouteflika ne font que confirmer une tendance générale dans la gouvernance du continent. Parce que la boulimie du pouvoir est vectrice d’instabilité, il faudra y mettre fin au nom de la paix sociale.            


Fou de foot et fou tout court!

Football is my passion credit: vrkmphoto.com
Football is my passion credit: vrkmphoto.com

Comme tout bon mordu de la chose, je n’avais pas voulu me faire conter les matchs de la Ligue des champions dans la semaine écoulée et surtout l’opposition très attendue entre Chelsea et le Paris version Qatar pour lequel je ne cachais pas mon émerveillement. La Ligue européenne des champions, cette compétition se déroule à des milliers de kilomètres d’ici, mais ne cesse de séduire chaque année les jeunes Togolais, avides comme moi de spectacle et de beau jeu. Étant saisi en cette année d’une admiration pour le PSG et sa montée en puissance, j’avais pris fait et cause pour cette équipe et j’attendais donc avec impatience le match retour à Chelsea après une victoire prometteuse à domicile.  

En tout cas, que les supporters malheureux soient rassurés ! Il ne s’agira pas de remuer le couteau dans la plaie en ressassant le film du match, mais de témoigner des folies auxquelles la passion sportive a pu me mener dans cette soirée du mardi 8 avril.

Alors que le coup d’envoi était déjà donné, aucune des chaînes que je guettais à l’aide de ma télécommande n’était foutue de diffuser le match. Si ces chaînes locales ne peuvent pas nous faire oublier leurs soporifiques programmes au profit de la Ligue des champions à quoi servent-elles au juste ? Bon, seuls les fanatiques partageront cette inquiétude. Agacé, je me décide à recourir à la seule solution qui s’offrait à ce moment-là : les “vidéo clubs“. C’est ainsi qu’on appelle ces coins à Lomé où sont proposés au public, du moins à ceux qui ne peuvent s’offrir des chaînes câblées des matchs à peu de frais. Ce sont des endroits qui ne désemplissent jamais à chaque fois qu’il y a un grand match au programme, mais que je n’avais pas encore fréquentés jusque-là. Ce match était donc l’occasion pour moi de découvrir l’ambiance d’un vidéo club.

 J’enfourche alors ma moto pour me rendre au vidéo club le plus proche dans mon quartier. Une fois à destination, je découvre un garage transformé en salle de projection pour le plus grand bonheur de ces footeux concentrés qui avaient tous les yeux rivés sur l’écran. Pour m’offrir une place, je m’adresse au responsable qui me demande de verser 200 FCfa. Dans un esprit d’économe, je tente de négocier le prix.

-Je n’ai que 150 F, lui dis-je.

 -Monsieur, ailleurs vous ne trouverez pas mieux. Mais si c’est trop cher pour vous, vous pouvez partir.

La sèche réplique me fait comprendre que ma négociation était inutile. Je me résigne donc à payer le prix pour enfin m’installer. Dans un coin de la salle des jeunes individus assis sur un banc décalent pour me permettre de prendre place.

Je pouvais enfin entrer dans la fièvre du match dans cette salle bondée. La chaleur était au rendez-vous et s’intensifiait à mesure que de plus en plus de personnes affluaient. Au bout de quelques minutes, le son du match devenait à peine audible. La faute aux spectateurs qui se sont mis à commenter le match. Je suivais attentivement le jeu d’un œil optimiste qui devient crispé au moment où survient le premier but de Chelsea. Dès cet instant l’ambiance s’est tendue. Ce fut l’occasion pour les fans de Chelsea de se révéler. Ils commencent à donner de la voix et à taquiner certains fans du PSG qu’ils avaient identifiés en des termes comme « ici c’est Chelsea!» ou « Paris, rêvons plus petit!». Les autres se sentant provoqués leur répondaient aussi par des injures. 

Au fin fond, je supportais assez mal ces railleries tout en gardant l’espoir d’une qualification. Mais très vite les choses prennent une tournure délicate. Dans un élan euphorique, un homme se lève et brandit un billet d’argent qu’il agite devant tout le monde:

Paris va perdre. Je parie 5 000F, déclare-t-il tout en me fixant du regard comme s’il cherchait à me défier. 

-C’est clair, Paris dehors ! hurle un autre dans la salle.

Agacé par cette provocation de trop, je décide sans réfléchir et je ne sais ce qui m’a pris à ce moment-là de réagir. « Mon cher prépare-toi à pleurer bientôt parce que Chelsea va perdre. C’est toi qui me rendras ton argent. Je mise 5 000F. »

Petit, tu me fais pitié ! Rétorque- t- il pendant que d’autres éclatent de rire.

C’est seulement après avoir réagi ainsi que je prends la mesure du risque que je venais de prendre puisque ma main que j’ai promenée dans mes poches n’avait recueilli qu’un pauvre billet de 500F. A cause de ce pari inutile, le sort du PSG était lié au mien. Paris gagne ou je suis en danger ! Et le pire  tant redouté arriva avec le second but in extremis.

J’étais alors seul face à mon malheur. Celui qui avait lancé le pari réclama son dû et je luis tendis mes 500F. « Non, mais, tu te fous de moi ? Je veux mes 5 000F» me lance-t-il d’un air colérique. Alors qu’on était sur le point d’en venir aux mains, je dus mon salut à certains qui se sont interposés pour nous ramener à la raison.

Pendant que l’autre partait avec mes 500F en poche, je ruminais des regrets sur le chemin du retour. On a beau avoir une passion pour quelque chose, mais face à la passion il faut parfois savoir raison garder : telle fut la leçon apprise non sans douleur.         


Sommet UE-Afrique, le menu fretin de la semaine.

Cette semaine Bruxelles a été l’hôte de chefs d’Etat et de gouvernement d’Europe et d’Afrique à l’occasion du sommet UE-Afrique, une rencontre qui offre de réfléchir sur les relations entre les deux continents. Dans le dédale des questions évoquées l’actualité brulante de l’heure a imposé la sécurité au rang des questions prioritaires. Au moment où se font attendre les troupes européennes en Centrafrique où le carnage se poursuit, comment peut-on éluder le sujet sécuritaire ? Mais permettez que je revienne sur ce sommet sous l’angle médiatique.

Bruxelles
credit: AFP/abidjan.net

Bien au-delà de tous les vains palabres de ce sommet, j’ai été frappé par la place qui lui fut accordée par les médias. Le sujet n’a pas été totalement esquivé par la presse mais j’ai trouvé qu’il n’a pas fait la une sur la plupart des chaines de radio et de télévision. Rares sont ces médias qui comme RFI se sont intéressé au sommet et à ses enjeux. La plupart des grandes chaines d’information que j’ai passé en revue à l’aide de ma télécommande ne se sont pas particulièrement passionné pour cet évènement. Elles n’en parlaient qu’au survol de l’actualité, ne serait ce que pour annoncer son ouverture puis sa clôture. Il est clair qu’au vu de l’actualité il y avait bien mieux à se mettre sous la dent. Bien mieux que cette rengaine de sommet, cette rencontre redondante qui n’a jamais rien changé au sort de l’Afrique. Face au remaniement ministériel en France et la tuerie de Fort Hood aux Etats unis, inutile de s’accommoder avec un sommet si ennuyeux. Franchement le sommet UE-Afrique n’a rien de comparable à un sommet comme celui du G8 ou un sommet USA-Europe où les participants ne sont pas dans un rapport déséquilibré, où les uns sont demandeurs de l’aide des autres. C’est le genre de sommet où le monde entier est attentif à la voix des parties prenantes sur tout sujet important car on est conscient de leur poids dans la société internationale et que leurs décisions peuvent impacter sur la gouvernance mondiale.

Le faible intérêt médiatique pour un tel sommet n’est donc pas si étonnant à y regarder de près. Il s’explique par la différence de poids entre les deux continents, entre une Europe riche et une Afrique toujours vulnérable. La gestion des conflits au Sahel et en Centrafrique démontre parfaitement la fragilité du continent puisque n’eut été le concours de la France, les dirigeants africains dans leur impuissance auraient laissé les terroristes envahir tout le Nord Mali et la Centrafrique devenir carrément une jungle. Faute de coopération régionale en matière de défense, nos Etats ont de la peine à organiser une intervention conjointe et efficace contre une situation qui menace la sécurité régionale. Un continent qui n’est pas capable d’assurer sa propre sécurité sans aide extérieure a-t-il une voix à faire valoir dans le monde ? That is the question. L’Afrique apparait vis-à-vis de l’Europe comme un démuni aux mains de son tuteur.

Comment sortir de cette impasse? Comme on le sait tous, ce ne sont pas les richesses qui manquent pour faire du continent un meilleur endroit sur Terre. Sur le plan des affaires, l’Afrique se trouve dans une nouvelle dynamique qui peut lui être bénéfique si les pays savent l’exploiter à leur profit. Aujourd’hui l’Europe n’a plus l’exclusivité des relations commerciales avec l’Afrique. Les partenaires se sont diversifiés depuis que des pays émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil sont de plus en plus présents sur le marché africain. Cette nouvelle donne doit pouvoir permettre aux africains de mieux négocier les contrats d’affaires pour ne plus laisser les partenaires se tailler la part du lion. Les négociations en cours entre le Niger et le groupe français Areva sur les conditions d’exploitation de l’uranium illustrent ce qui doit être la nouvelle logique des relations économiques avec l’extérieur : celle du partenariat gagnant-gagnant. Malheureusement cette diversité de partenaires est souvent mise à profit par des régimes peu démocratiques pour échapper aux conditionnalités de la coopération avec l’Europe qui sont liées à la bonne gouvernance. Il est aussi important de cesser de se contenter du statut de vendeurs de matières premières dans un monde marqué par la production en masse. Au lieu d’appauvrir les populations en leur faisant consommer des produits importés conçus à partir de leurs matières premières, les Etats africains gagneraient plus à transformer sur place ces matières premières et à créer un marché commun pour une consommation de masse de produits locaux. Le Botswana montre d’ailleurs un bel exemple en faisant installer la Diamond Trading Company of Botswana, une usine de transformation du diamant. Dans un monde où règne la rude concurrence, ces Etats ont donc intérêt à créer de la valeur ajoutée par la transformation des matières premières et à réaliser une véritable intégration économique. Enfin, aucun projet de développement ne peut aboutir sans la paix. Or assurer la paix c’est organiser sa défense. C’est pourquoi nos pays sont condamnés à rendre opérationnelle la Force africaine en attente, armée africaine dont la création est prévue par l’Union Africaine mais qui demeure un rêve à cause des dissensions interétatiques. Pour exister et prendre toute sa place, l’Afrique a donc besoin d’être forte et ce n’est pas Tiken Jah qui me dira le contraire (voir lien ci-dessous).

Tiken jah Fakoly ça va faire mal