Les casques pour moto, nouveau business en vogue à Lomé

30 avril 2014

Les casques pour moto, nouveau business en vogue à Lomé

Visage abstraite avec casque rouge Banque d'images - 10228957
Visage abstrait avec casque rouge
credit image : Rafael Torres Castaño

Les Togolais qui pour la plupart prenaient des libertés avec le port du casque sur leur engin à deux roues se trouvent obligés aujourd’hui de renouer avec les bonnes habitudes. Jusqu’alors bon nombre de conducteurs circulaient sur les routes en négligeant leur sécurité au volant ou sur la moto. Ils ont pris l’habitude de se déplacer à bord de leur véhicule sans mettre la ceinture de sécurité ou porter le casque. C’est un comportement devenu très banal à Lomé sous le regard indifférent des agents de police régulant la circulation sur les voies publiques.

Mais depuis quelques mois la sécurité routière semble être un sérieux problème national que le gouvernement togolais a décidé de prendre à bras le corps. Au point que le président dans son discours de la veille du 27 avril, fête de l’indépendance, a décrété une « année de la sécurité routière ». En réalité les routes togolaises à la lumière des statistiques paraissent dangereuses : selon les chiffres du ministère de la Sécurité, près de 4 000 morts sont recensés depuis 2008 et 1 451 accidents relevés au premier trimestre 2014. L’opinion publique a été récemment choquée par un terrible accident de circulation qui a eu lieu le 14 avril dernier tuant 47 personnes suite à une collision entre un autocar et un camion.          

Face à l’hécatombe les autorités ont décidé de prendre le taureau par les cornes. Ainsi dans le but de faire respecter le nouveau code le la route, le gouvernement par voie de communiqué décide d’intensifier les contrôles diurnes et nocturnes de police sur l’étendue du territoire. Policiers et gendarmes sont donc déployés sur les voies pour exhorter les automobilistes et motocyclistes à se mettre en règle avec le code de la route. Au bout de quelques jours, l’opération commence à porter ses fruits. La peur des hommes en uniforme aidant, la majorité des conducteurs se sont mis au pas. Beaucoup n’osent plus circuler sans porter leur casque ou leur ceinture de sécurité.

Cependant, le retour de la sécurité sur les routes devient visiblement une aubaine commerciale au désarroi des usagers de la route. Les vendeurs en profitent pour faire de la spéculation puisque le prix du casque a subitement grimpé. Normalement vendu à 5 000 francs Cfa, le casque se vend aujourd’hui à 7 000 francs Cfa ou même à 10 000 francs Cfa. Conscients du boom que connait la vente de motos, les commerçants sautent sur l’occasion pour faire de la surenchère. L’ «occasion fait le larron » dit-on.

D’ailleurs dans mon quartier, j’ai pu constater que des vendeurs de casques se sont installés dans un but stratégique à proximité des routes étroitement contrôlées. Ils attendent tranquillement que des contrevenants interpellés par les officiers de police viennent à eux pour leur vendre des casques à un prix qui peut représenter le double de l’initial. En termes de culture capitaliste, le Togolais n’a rien à envier aux Américains. Dans un contexte de pauvreté, il recherche inlassablement la moindre opportunité de réaliser du profit et tous les moyens sont bons pour se faire de l’argent. Loin de moi toute intention de taxer les Togolais de cupidité, car ce serait m’insulter moi-même, mais j’estime que cette surenchère n’a pas lieu d’être. Elle serait plutôt un obstacle à la réussite de la sensibilisation générale qui prévaut actuellement dans le pays. Avec ces nouveaux prix certains auront même du mal à acquérir des casques et surtout de bons casques.

En ce moment où l’on cherche à améliorer la sécurité routière pour protéger des vies, une telle spéculation est inopportune. Il revient donc aux autorités concernées de prendre des dispositions pour suivre l’évolution de ces prix et rendre les casques accessibles à la population. 

 

     

 

Partagez

Commentaires