Sommet UE-Afrique, le menu fretin de la semaine.

5 avril 2014

Sommet UE-Afrique, le menu fretin de la semaine.

Cette semaine Bruxelles a été l’hôte de chefs d’Etat et de gouvernement d’Europe et d’Afrique à l’occasion du sommet UE-Afrique, une rencontre qui offre de réfléchir sur les relations entre les deux continents. Dans le dédale des questions évoquées l’actualité brulante de l’heure a imposé la sécurité au rang des questions prioritaires. Au moment où se font attendre les troupes européennes en Centrafrique où le carnage se poursuit, comment peut-on éluder le sujet sécuritaire ? Mais permettez que je revienne sur ce sommet sous l’angle médiatique.

Bruxelles
credit: AFP/abidjan.net

Bien au-delà de tous les vains palabres de ce sommet, j’ai été frappé par la place qui lui fut accordée par les médias. Le sujet n’a pas été totalement esquivé par la presse mais j’ai trouvé qu’il n’a pas fait la une sur la plupart des chaines de radio et de télévision. Rares sont ces médias qui comme RFI se sont intéressé au sommet et à ses enjeux. La plupart des grandes chaines d’information que j’ai passé en revue à l’aide de ma télécommande ne se sont pas particulièrement passionné pour cet évènement. Elles n’en parlaient qu’au survol de l’actualité, ne serait ce que pour annoncer son ouverture puis sa clôture. Il est clair qu’au vu de l’actualité il y avait bien mieux à se mettre sous la dent. Bien mieux que cette rengaine de sommet, cette rencontre redondante qui n’a jamais rien changé au sort de l’Afrique. Face au remaniement ministériel en France et la tuerie de Fort Hood aux Etats unis, inutile de s’accommoder avec un sommet si ennuyeux. Franchement le sommet UE-Afrique n’a rien de comparable à un sommet comme celui du G8 ou un sommet USA-Europe où les participants ne sont pas dans un rapport déséquilibré, où les uns sont demandeurs de l’aide des autres. C’est le genre de sommet où le monde entier est attentif à la voix des parties prenantes sur tout sujet important car on est conscient de leur poids dans la société internationale et que leurs décisions peuvent impacter sur la gouvernance mondiale.

Le faible intérêt médiatique pour un tel sommet n’est donc pas si étonnant à y regarder de près. Il s’explique par la différence de poids entre les deux continents, entre une Europe riche et une Afrique toujours vulnérable. La gestion des conflits au Sahel et en Centrafrique démontre parfaitement la fragilité du continent puisque n’eut été le concours de la France, les dirigeants africains dans leur impuissance auraient laissé les terroristes envahir tout le Nord Mali et la Centrafrique devenir carrément une jungle. Faute de coopération régionale en matière de défense, nos Etats ont de la peine à organiser une intervention conjointe et efficace contre une situation qui menace la sécurité régionale. Un continent qui n’est pas capable d’assurer sa propre sécurité sans aide extérieure a-t-il une voix à faire valoir dans le monde ? That is the question. L’Afrique apparait vis-à-vis de l’Europe comme un démuni aux mains de son tuteur.

Comment sortir de cette impasse? Comme on le sait tous, ce ne sont pas les richesses qui manquent pour faire du continent un meilleur endroit sur Terre. Sur le plan des affaires, l’Afrique se trouve dans une nouvelle dynamique qui peut lui être bénéfique si les pays savent l’exploiter à leur profit. Aujourd’hui l’Europe n’a plus l’exclusivité des relations commerciales avec l’Afrique. Les partenaires se sont diversifiés depuis que des pays émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil sont de plus en plus présents sur le marché africain. Cette nouvelle donne doit pouvoir permettre aux africains de mieux négocier les contrats d’affaires pour ne plus laisser les partenaires se tailler la part du lion. Les négociations en cours entre le Niger et le groupe français Areva sur les conditions d’exploitation de l’uranium illustrent ce qui doit être la nouvelle logique des relations économiques avec l’extérieur : celle du partenariat gagnant-gagnant. Malheureusement cette diversité de partenaires est souvent mise à profit par des régimes peu démocratiques pour échapper aux conditionnalités de la coopération avec l’Europe qui sont liées à la bonne gouvernance. Il est aussi important de cesser de se contenter du statut de vendeurs de matières premières dans un monde marqué par la production en masse. Au lieu d’appauvrir les populations en leur faisant consommer des produits importés conçus à partir de leurs matières premières, les Etats africains gagneraient plus à transformer sur place ces matières premières et à créer un marché commun pour une consommation de masse de produits locaux. Le Botswana montre d’ailleurs un bel exemple en faisant installer la Diamond Trading Company of Botswana, une usine de transformation du diamant. Dans un monde où règne la rude concurrence, ces Etats ont donc intérêt à créer de la valeur ajoutée par la transformation des matières premières et à réaliser une véritable intégration économique. Enfin, aucun projet de développement ne peut aboutir sans la paix. Or assurer la paix c’est organiser sa défense. C’est pourquoi nos pays sont condamnés à rendre opérationnelle la Force africaine en attente, armée africaine dont la création est prévue par l’Union Africaine mais qui demeure un rêve à cause des dissensions interétatiques. Pour exister et prendre toute sa place, l’Afrique a donc besoin d’être forte et ce n’est pas Tiken Jah qui me dira le contraire (voir lien ci-dessous).

Tiken jah Fakoly ça va faire mal

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