Eli

Lomé et ses négriers chinois

Les ouvriers en sit-in credit: news.icilome.com
Les ouvriers en sit-in
crédit: news.icilome.com

Le Togo est en chantier et le gouvernement de notre magnanime « papa Faure » ne cesse de le marteler. Des travaux sont lancés ici et là pour construire des routes et autres infrastructures publiques. Devenus incontournables en Afrique les Chinois sont sollicités pour certains de ces grands travaux. Seulement, voilà qu’aujourd’hui l’image des partenaires chinois dans le pays en a pris un coup depuis le sit-in du 12 novembre 2014 qui m’a personnellement estomaqué.

A l’appel de la Fédération togolaise du bois et de la construction (FTBC) des ouvriers se sont réunis dans un sit-in devant les locaux du ministère du Travail pour grogner contre certaines entreprises chinoises. « Négriers chinois dehors! » scandaient-ils. Les manifestants ont révélé à l’opinion publique une forme d’esclavagisme qui prévaut dans deux entreprises chinoises dont l’une est chargée de construire la nouvelle aérogare et l’autre de construire la voie de contournement de Lomé.

Les ouvriers de ces entreprises se plaignent des abus et de la maltraitance que leur infligent les employeurs chinois. A en croire les témoignages d’ouvriers, les patrons chinois sont responsables de salaires impayés, d’injures et même de violences. Bon sang! Les chantiers seraient-ils devenus des aires de combat où les patrons se défoulent sur les ouvriers tels des amateurs de kung-fu sur des sujets d’entraînement ?

credit:gaboneco.com
Crédit:gaboneco.com

Certains ouvriers sont même congédiés sans motif valable ni indemnisation. Ils sont près de 200 travailleurs à endurer le supplice. Frustrés par autant d’animosité, les manifestants ont voulu alerter le gouvernement et exiger des entreprises chinoises qu’elles se plient aux règles du travail en vigueur dans le pays.

Les Chinois ont pour habitude de venir travailler en Afrique avec leurs propres outils techniques, mais de grâce, qu’ils ne nous apportent pas aussi ces pratiques rétrogrades dignes de l’ère maoïste. D’ailleurs ces pratiques ne sont pas vraiment une nouveauté, car elles rappellent les exécrables conditions de travail décriées dans d’autres sociétés étrangères à Lomé qui pour la plupart sont implantées dans la zone franche. Cette zone franche où les entreprises jouissent d’allègements fiscaux est devenue une zone de non-droit où les droits des travailleurs sont ignorés au su de tout le monde.

Je suis complètement écœuré de voir des sociétés étrangères piétiner allègrement le droit togolais du travail sans que le gouvernement ne dise mot. Jusqu’à quand laissera-t-on des sociétés faire fi des lois du pays d’accueil en toute impunité ? Que fait-on de la dignité, des droits de ces travailleurs garantis par les textes nationaux ? A-t-on peut-être peur de froisser la grande et toute puissante Chine ? Je n’en sais rien, mais en tout cas, un Etat qui n’est pas capable de protéger ses citoyens sur son propre territoire ne peut être vu comme souverain.

Je n’entends pas du tout m’opposer à la présence chinoise au Togo. On ne peut nier ce que les investissements chinois ont apporté au Togo. D’une manière ou d’une autre, le pays bénéficie de sa bonne coopération avec la Chine. La communauté chinoise au Togo mène des activités commerciales créatrices d’emplois pour des togolais. C’est grâce à cette coopération que sont sortis de terre d’importants ouvrages comme des hôpitaux, des écoles et même le stade de Kégué, le plus grand stade de Lomé que les footeux qualifient de « nid des éperviers ». D’ailleurs, la nouvelle aérogare et la voie de contournement construites par des sociétés chinoises pourraient être d’une certaine utilité à la population.

Toutefois je tiens à tirer la sonnette d’alarme sur la rocambolesque situation dans ces sociétés chinoises qui sont sollicitées pour exécuter des travaux pour le compte des togolais. Il est inadmissible que le Togolais paye un lourd tribut pour l’édification d’ouvrages publics. Il est absurde que le Togolais s’offre des infrastructures au prix de ce qui s’apparente à des travaux forcés. Il urge de faire cesser ces pratiques esclavagistes. Les dirigeants des sociétés pointées du doigt devraient revenir à la raison et comprendre que leurs ouvriers ne sont pas des souffre-douleur, mais des êtres humains jouissant d’une dignité à respecter.


Bye bye Obamania!

Barack Obama credit: weltmx.blogspot.com
Barack Obama
credit: weltmx.blogspot.com

Il avait fait tomber en 2008 le monde et la majorité de ses concitoyens sous son charme. Il était promis au destin de premier président noir des Etats unis et sa personnalité inédite avait attiré la sympathie de beaucoup dans le monde. Une sympathie qui fut telle que des produits dérivés à son effigie se sont arraché comme de petits pains. Point de mystère à faire. Je parle bien de Barack Obama. Depuis quelques années, l’homme ne fait plus vraiment rêver les américains et la cuisante défaite du parti démocrate aux élections de mi-mandat vient symboliser le désenchantement. Mais j’ai quand même du mal à comprendre cette sanction électorale au moment où le pays connait de bons résultats économiques.
Les américains ne sont pas tout à fait disposés à pardonner à leurs dirigeants la moindre insuffisance. Ils l’ont encore démontré le 4 novembre aux élections de mi-mandat destinées à renouveler certains sièges du congrès. La vague républicaine s’est emparé du sénat-jusque là aux mains des démocrates-et voilà Obama privé de majorité au congrès. Il est désormais soumis à une cohabitation avec un congrès hostile. Telle est la conséquence du vote sanction qui lui est infligé. Une chose est claire : il ne reste plus rien de l’obamania, de cette ferveur autour de ce personnage inédit et de son programme ambitieux.
Il est vrai que ce revers électoral de mi mandat n’est pas un fait rare dans la politique américaine. Avant Obama, beaucoup de présidents en fin de mandat ont payé l’insatisfaction populaire dans les urnes. Son prédécesseur immédiat, George W. Bush avait fait les frais de son impopularité en 2006. Tout de même, ce revers en pleine reprise économique est un paradoxe qui me fait penser que les américains sont d’une exigence qui est parfois à la limite du raisonnable.
Depuis le premier mandat d’Obama, nombreux sont ceux qui ont placé en lui de grands espoirs de changement. Ils ont surement attendu de lui plus qu’il ne pouvait réellement. Pendant que les signaux de l’économie sont au vert, 70% des américains disent désapprouver la politique économique. Ils ont sans doute oublié que le pays revient de loin, d’un bourbier dont a hérité Obama. La situation économique que Bush a laissée à son successeur n’était pas plus enviable.

Avec un taux de chômage en deçà de 6%, une croissance de 3,5% et une poussée de la consommation intérieure, Obama aurait fait sourciller sous d’autres cieux dans ce contexte mondial de crise. Mais ça ne lui pas profité dans les urnes. Pauvre de lui ! Dur, dur d’être un président au pays de l’oncle Sam !
Sans avoir l’air d’un porte parole de la maison blanche, je pense que ces progrès bien que trop timides placent tout de même le pays sur une voie prometteuse. Mine de rien, les Etats unis font partie de ces puissances qui s’en sortent le mieux face à la crise. En France par exemple, le gouvernement s’emploie à défendre le bien fondé de sa politique économique sans arriver à des résultats encourageants.

Aux Etats unis, le président pour faire adopter ses projets de réforme, a besoin du vote de la majorité au congrès. Or, un grand nombre d’électeurs ont préféré le priver de la majorité nécessaire pour mettre en œuvre sa politique. Sa marge de manœuvre étant plus réduite, Obama aura du mal à faire passer ses projets. Au bout du compte ce sont les américains qui pâtiront des difficultés de leur président à tenir ses promesses faute de soutien au congrès. En tout cas, il lui faudra être stratège pour arracher le vote du congrès sur des questions phares comme l’immigration, la hausse du salaire minimum.

L’état actuel du pays est encore à améliorer mais il ne faudrait pas s’attendre à voir Obama tout changer d’un coup de baguette magique. Les américains doivent se rendre à l’évidence et comprendre qu’il faudra des années d’investissements pour sortir du bourbier de la crise.

Quant à Obama il a encore 2 ans devant lui pour marquer son aventure présidentielle et seul les américains jugeront de la qualité de son travail.

 


De Y’en a marre au Balai citoyen, cette jeunesse africaine qui prend le pouvoir

Logo des deux mouvements credit: diasporas.fr et facebook.com/balai citoyen
Logo des deux mouvements credit: diasporas.fr et facebook.com/balai citoyen

C’était depuis mon quartier de cacaveli à Lomé, avec les écouteurs branchés à l’oreille que je m’enquérais via la radio de l’évolution du scénario burkinabè digne du printemps arabe ou plutôt du printemps désormais noir. Comme beaucoup de jeunes dans une Afrique où la démocratie balbutie encore, je suis saisi d’admiration pour le courage d’un peuple qui a jugé bon de retirer un pouvoir dont il est le seul détenteur. La chute historique de Blaise Compaoré est un évènement qui prouve la force qui réside dans l’engagement citoyen des jeunes incarné par le mouvement du Balai Citoyen qui emboite le pas à Y’en a marre du Sénégal.
Si les jeunes burkinabè ont réussi à arracher la destitution de Compaoré, c’est en partie grâce au travail mené en amont dans le pays par les promoteurs du Balai citoyen.
Deux mouvements, un même combat
L’historique du Balai citoyen lancé en juillet 2013 par le rappeur Smockey et le chanteur de reggae Sams’k le Jah est semblable à celui du Y’en a marre sénégalais. En 2011 au Sénégal le délestage, la gabegie et les abus de Wade avaient entrainé la naissance de Y’en a marre. Au Burkina également ce sont presque les mêmes problèmes socio politiques qui ont motivé l’éclosion du mouvement. Les deux artistes burkinabè ont alors senti le besoin de dénoncer les difficultés sociales liées aux coupures de courant et s’opposer au projet de modification de l’article 37 de la constitution. Y’en a marre et le Balai citoyen sont donc tous deux animés d’une même vocation: se mettre à l’avant-garde de la défense des valeurs démocratiques et citoyennes. Ils représentent d’après moi une veille citoyenne pour la bonne gouvernance.
Ce qui est encore intéressant est que leur combat ne se limite pas à la contestation pacifique mais consiste aussi à faire connaitre au citoyen ses devoirs. Le concept NTS (nouveau type de sénégalais) de Y’en a marre illustre bien l’idée de promouvoir la conscience citoyenne. Pour Fadel Barro, un des fondateurs, le NTS est le citoyen qui « ne laisse pas traîner les sachets plastiques, n’urine pas dans la rue, ne monte pas dans un car rapide surchargé, ne brûle pas des pneus quand il est mécontent». Après le départ de Compaoré il était intéressant de voir les membres du Balai citoyen balayer les rues et appeler la population à faire de même.

Ceci dit, le citoyen qui prétend contester la mal gouvernance doit d’abord être un bon exemple.
Le pouvoir de la jeunesse
Mais ce qui saute aux yeux dans les deux cas, c’est le fait qu’il s’agisse d’une initiative prise par des jeunes et qui est appropriée par les jeunes qui forment d’ailleurs la majorité de la population. Forte de son poids démographique, la jeunesse a pu faire changer le cours de l’histoire.
On se souvient qu’à l’appel du mouvement Y’en a marre les jeunes sénégalais se sont inscrit massivement sur les listes électorales. A défaut de dissuader Abdoulaye Wade de se présenter au scrutin de 2012 après deux mandats, les jeunes ont quand même réussi par leur vote décisif, à faire blocage à un 3ème mandat d’Abdoulaye Wade. Les jeunes burkinabè aussi grâce à leur mobilisation ont pris conscience de leur pouvoir de pression. Aujourd’hui chaque jeune burkinabè qui a été de ceux qui ont manifesté à mains nues contre la tentative de coup de force de Compaoré jouit d’un sentiment de fierté pour avoir ouvert une nouvelle page de l’histoire nationale. Le chômeur dans sa précarité, l’étudiant dans sa fougue n’oublieront jamais qu’ils ont fait basculer le sort de leur pays en mettant fin à 27 ans de règne sans partage. Ainsi se révèle une jeunesse qui reprend confiance en elle.
L’éclosion d’un nouveau contre pouvoir
L’incidence des actions menées par ces mouvements fait apparaitre un nouveau contre pouvoir pour les gouvernants du Sénégal et du Burkina.
Au Sénégal malgré l’appel lancé aux électeurs à voter contre Wade au second tour de l’élection de 2012, Y’en a marre a pris soin de garder ses distances avec le président Macky Sall. Les leaders du mouvement voulaient tirer les leçons du passé où la société civile après avoir soutenu l’opposant Wade, fut finalement déçue par sa gestion du pays. A cause de son importante contribution à la lutte pour l’alternance, Y’en a marre est une voix qui compte aux yeux du nouveau gouvernement.
Fidèle à sa vocation, Y’en a marre continue en toute indépendance d’interpeler les autorités sur les besoins socioéconomiques et d’appeler les populations à cultiver la responsabilité citoyenne. En juin 2014 il a lancé une plateforme de gouvernance participative dénommée « le site web du monitoring » qui offre aux citoyens de témoigner et s’exprimer sur la gestion des affaires publiques ou des faits de société.
En ce moment où la démocratie est à reconstruire et où les institutions sont fragiles au Burkina, le Balai citoyen se présente un peu comme une sentinelle de la démocratie. Il faudra compter avec elle pour prévenir toute atteinte aux aspirations démocratiques du peuple.
Frantz Fanon disait :

« chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, l’accomplir ou la trahir ».

Ces mouvements sont une source d’inspiration pour la jeunesse africaine qui ne devrait plus laisser les autres décider à sa place surtout quand c’est son avenir qui est en jeu.


Le candidat de l’opposition c’est moi, qui dit mieux?

Jean Pierre Fabre credit: koaci.com
Jean-Pierre Fabre
credit: koaci.com

Sous les tropiques, élection rime avec période sensible. En ce moment où se prépare activement la présidentielle de 2015, tout le monde retient son souffle. Pendant que les principaux partis d’opposition font des tractations pour dégager un candidat unique, Jean-Pierre Fabre candidat de l’ANC a fait cette semaine des déclarations sur RFI qui me font réfléchir sur les chances de cette opposition au prochain scrutin.

A la tête du premier parti d’opposition parlementaire qu’est l’ANC (Alliance nationale pour le changement), Jean-Pierre Fabre a été investi sans grande surprise pour représenter le parti en 2015. Auréolé du titre de candidat de l’ANC, il s’était exprimé sur les antennes de RFI le 20 octobre 2014.
A chaque élection revient dans l’opposition le débat sur la candidature unique. Un débat imposé par le mode de scrutin en vigueur : le scrutin à un tour décrié par l’opinion publique. Cette année encore, le CST (Collectif « Sauvons le Togo ») et la coalition arc-en- ciel, deux regroupements de l’opposition, s’activent dans des discussions dans l’espoir de trouver un candidat commun. Interrogé sur l’hypothèse du choix d’un candidat unique autre que lui, Jean-Pierre Fabre répond en ces termes:

«… il y a des critères objectifs pour la candidature unique. Et je pense que je réunis ces critères-là. »

Il a peut-être raison sur ce point. La plupart des critères de choix jouent en sa faveur, notamment le niveau d’implantation au plan national, le nombre de députés au Parlement qui lui vaut un statut de chef de l’opposition parlementaire. Mais au-delà de tous ces critères le fameux candidat unique ne devrait-il pas avoir des qualités intrinsèques ?
Je pense que ce candidat devrait avant tout être un rassembleur, un meneur d’hommes, avoir un discours conciliant qui altère les antagonismes et converge toutes les forces vers un but commun. L’opposition togolaise étant hétéroclite, celui qui aspire à la représenter au prochain scrutin doit savoir composer avec les différents courants. Malheureusement j’ai du mal à retrouver ces aptitudes en la personne du candidat de l’ANC et de plus, l’homme n’a pas la confiance des autres poids lourds de l’opposition.
Déjà en 2010, les tentatives de désigner un candidat unique à l’élection de 2010 furent tout simplement un fiasco. Réunis en conclave, les responsables des principaux partis d’opposition ont été incapables de s’accorder sur un nom. Les négociations avaient connu une fin ambiguë dans un climat tendu. Soutenu par certains partis, Jean-Pierre Fabre fut publiquement présenté comme candidat unique au grand dam d’autres leaders qui ont choisi de faire cavalier seul. La suite, on la connaît : les voix de l’opposition se sont émiettées au profit du pouvoir en place et l’opposition désorganisée cria à la fraude.
Aujourd’hui encore on semble trouver les mêmes ingrédients qui ont fait le fiasco de 2010. Malgré son statut de chef de l’opposition acquis après les législatives de 2013, Jean-Pierre Fabre est loin de faire l’unanimité chez les opposants. D’aucuns le qualifient de suffisant et d’arrogant. Son leadership est contesté par d’autres partis et non des moindres, comme le CAR (comité d’action pour le renouveau) qui compte dans ses rangs un sérieux prétendant à la candidature unique. Face au parti au pouvoir, l’opposition est minée par des dissensions, des problèmes d’égo. Les frictions se sont d’ailleurs exacerbées lorsqu’au lendemain de la débâcle aux législatives de 2013, les partis se sont employés à se jeter la pierre par médias interposés. Jean-Pierre Fabre s’était mêlé à la dispute en adressant des reproches voilés à certains partis.
Au regard de ces difficultés, la quête d’un candidat pour toute l’opposition se révèle déjà comme une cause perdue. Les prétendants au fauteuil présidentiel commencent à s’annoncer et c’est sans doute en ordre dispersé que l’opposition participera au scrutin. Il est étonnant et paradoxal de voir ces leaders invoquer à cor et à cri l’alternance alors qu’ils ne font jamais les choix qui s’imposent. Face au scrutin à un tour, seule la candidature unique peut accroître leurs chances d’aboutir à cette alternance. Malheureusement au sein de cette opposition, l’orgueil a souvent pris le pas sur l’intérêt général.
Dans son interview Jean-Pierre Fabre déclarait :

« je pense que ça va être très difficile si on n’arrive pas à dégager un candidat unique »

Les uns et autres sont donc prévenus. En tout cas s’ils sont incapables de s’unir autour d’un candidat, qu’ils n’osent pas encore crier à tue-tête sur les médias quand les résultats -déjà prévisibles- de l’élection auront été publiés.

Ce n’est pas dans mes habitudes de parler politique sur ce blog. Mais il n’est toujours pas évident d’éluder le sujet en ce moment où se prépare activement l’élection présidentielle de 2015.

 

 


L’accès égal à l’éducation, un défi africain.

Enfants maliens credit: ar.wikipedia.org
Enfants maliens
credit: ar.wikipedia.org

Bonjour à toutes et à tous. Ce nouveau billet intervient à un moment bien spécial car aujourd’hui c’est le 16 octobre, jour du Blog Action Day. Ayant récemment pris connaissance de cet évènement mondial j’ai choisi cette année de prendre part au débat sur l’épineux problème des inégalités. L’inégalité, thème retenu pour cette année est en lien avec l’actualité vécue dans certaines régions du monde où le sexe, la religion, l’origine ethnique sont sources d’exclusion.
L’inégalité renvoie à plusieurs problèmes et cet espace semble trop étroit pour analyser tous les contours de la question. Après avoir gambergé sur le sujet à traiter, je me suis résolu à traiter des obstacles à l’équité genre dans le domaine de l’éducation au Togo et en Afrique subsaharienne.

logo BADDepuis 2009 le système éducatif togolais connait une nouvelle donne avec la suppression des frais de scolarité dans l’enseignement primaire. Cette mesure est inspirée par l’un des objectifs du millénaire pour le développement qui est l’éducation primaire universelle d’ici 2015 dans les pays du Sud.
Cette mesure a favorisé au Togo la montée du taux de scolarisation des filles comme dans les autres pays d’Afrique subsaharienne qui ont supprimé les frais de scolarité dans le primaire. Selon un rapport de Plan International le taux de scolarisation des filles dans la région est passé de 54% à 74%.
Malgré ces efforts, la parité entre les sexes en matière d’éducation est toujours ineffective en Afrique subsaharienne.
Parmi les 29 millions d’enfants qui ne sont pas scolarisés en Afrique 54% sont des filles. Sur 54 pays africains seulement 16 ont atteint la parité genre dans l’enseignement primaire. Ce qui est largement insuffisant. Si les filles sont de plus en plus nombreuses à intégrer l’école primaire leur effectif se réduit à mesure qu’elles évoluent dans leur cursus. Ce qui signifie qu’au-delà de la scolarisation des filles, il faut relever le défi de leur maintien dans le système scolaire.
A propos de l’éducation des filles, il a été rapporté par Plan International que 70% de filles scolarisées au Togo déclarent avoir redoublé au moins une année. A la lumière d’enquêtes internationales, la première cause de redoublement des élèves est l’échec aux examens. La succession de mauvais résultats peut démotiver l’élève, d’où le risque d’abandon. L’échec scolaire n’est pas le seul obstacle au maintien des filles dans le système scolaire.

Il faut noter qu’elles sont victimes d’attitudes sexistes dans leur communauté. En milieu rural, certains parents ont tendance à privilégier l’éducation des garçons. Quant aux filles elles sont reléguées à un rôle secondaire. Face à l’importance des couts liés à l’examen, aux livres, au transport, à l’uniforme scolaire les parents de familles nombreuses peuvent renoncer à poursuivre la scolarisation de leurs filles.
Victimes du poids des traditions, les filles sont susceptibles d’être mariées précocement et contre leur gré. Lorsqu’elles atteignent l’âge de la puberté elles sont exposées au harcèlement sexuel avec le risque de grossesse précoce. On voit là qu’il y a des contingences sociales qui troublent le parcours des filles dans le système scolaire. La suppression des frais de scolarité ne suffit donc pas pour garantir l’égalité d’accès à l’éducation et l’évolution scolaire de la jeune fille en Afrique subsaharienne.
Pour réussir le pari de l’équité genre en matière d’éducation, il y a lieu de lever les obstacles à l’évolution scolaire des filles. Je propose à ce sujet un certain nombre de mesures : veiller à l’éducation sexuelle dans les établissements scolaires, promouvoir l’excellence des filles en milieu scolaire, étendre la gratuité de la scolarité à l’enseignement secondaire.

Nelson Mandela disait:

« l’éducation est votre arme la plus puissante pour changer le monde »

Nous avons tous intérêt à garantir l’égalité d’accès à l’éducation en Afrique parce qu’éduquer une fille c’est préparer l’épanouissement socioéconomique de toute une communauté. L’émergence du continent est aussi à ce prix.

Pour mieux cerner les enjeux liés à l’éducation des filles, je vous invite à découvrir le projet « because i am a girl » de Plan International.