Eli

Sur la route de l’amour

credit:messagedamour.fr

 

Sur la route de l’amour et des attachements sentimentaux

Ma marche fut rythmée de tant de soubresauts

Mon âme asservie par des méprises sombres

Etait ensevelie d’une cape d’ombre

 

Sur la route de l’amour et des aventures intimes

J’ai vu des charmes trompeurs, l’horreur de l’abîme

La désillusion venait alors ligoter mon cœur

Tel un pauvre otage aux mains de son ravisseur

 

Puis voici que sur ce chemin si tortueux

Qui me faisait si cafardeux

Se révélait à moi cette fleur pétillante

D’une beauté saisissante et bouleversante

 

Des griffes de la désillusion, elle m’ôta

Pour envelopper mon jeune être de grinta

Que j’aimerais tant suspendre le cours du temps

Pour humer son doux parfum indéfiniment


Foire ou foutoir universitaire de Lomé ?

entrée de l'université de Lomé credit:pa-lunion.com
Entrée de l’université de Lomé
credit:pa-lunion.com

Cela fait déjà quatre bonnes années que j’ai quitté la fac de droit de l’université de Lomé, excédé par les incongruités du système LMD à la togolaise. Pourtant le désamour ne m’a jamais privé de quelques virées sur le campus universitaire de Lomé qui fut le théâtre de mes diverses fortunes estudiantines. Mes dernières descentes je les ai faites à un moment particulier de l’année universitaire. J’y étais en pleine foire universitaire, évènement annuel qui vient de refermer ses portes après avoir animé le campus durant toute une semaine. En temps normal le campus broussailleux et faiblement électrifié serait vite déserté par les étudiants avant la tombée de la nuit. Mais c’était la foire et ça change tout. Le campus devient subitement la grande attraction des noctambules. Tout le monde à commencer même par les élèves est le bienvenu. L’évènement prend toujours des allures de grande récréation dans ce temple du savoir et cette année encore j’en ai vu et entendu des choses que je m’en voudrais de garder pour moi.

La foire au campus c’est d’abord une affluence qui s’accentue d’année en année. Avec le déferlement des visiteurs les dernières soirées étaient particulièrement intenses et le site bondé au point qu’il m’était difficile de trouver un lieu où ranger ma bécane. Il y régnait comme une ambiance de discothèque alimentée par ces sonorités à l’air du temps qu’on distillait à volonté. La bonne bière fraîche a coulé à flot et les férus de la chose y ont trouvé leur compte. Il m’était d’ailleurs difficile d’apercevoir sans gêne les bimbos légèrement vêtues déambulant avec leurs rondeurs qui ébranlent les sens déjà affaiblis par les litres de bière ingurgités.

Destinés pour la plupart à la vente de grillades et boissons les stands étaient dressés à proximité de la cité universitaire. Pour tout esprit avisé cet emplacement habituel est stratégique puisqu’il sert les intérêts d’une jeune masse de vicieux qui à cette occasion se permettent tous les dérapages.

A vrai dire ce qui est censé être un cadre d’exposition et de commerce cache une autre réalité, une sinistre réalité bien connue des étudiants. Les non-dits de cette foire j’en ai pris connaissance depuis ma toute première année au campus et j’ai fini par m’en accommoder. C’est le moment que choisit une jeunesse insouciante en quête de loisirs libidineux pour jeter son dévolu sur le campus de Lomé. Certains visiteurs en ont fait le rendez-vous privilégié des coups d’un soir. C’est à se demander si le terme « foire » sied vraiment à ce genre d’évènement.

Vous avez dit foire ?

L’évènement avait tout l’air d’un bazar à ciel ouvert où certains stands n’avaient pas leur place. Pendant que les gens n’avaient d’yeux que pour l’alcool et les filles sexy qui déambulaient, les stands d’exposition de livres étaient quant à eux royalement esquivés. Il s’y trouvait aussi un stand consacré à la distribution de préservatifs histoire de limiter les dégâts de la foire dans sa partie invisible.

Et bien voyez-vous! La partie invisible de la foire se déroule dans la nuit noire à l’abri des lumières et de la foule. L’obscurité qui domine sur une bonne partie du campus n’est pas pour déplaire aux acteurs de l’autre foire qui en profitent à fond. Il m’a suffi de m’éloigner du site éclairé de la foire pour apercevoir par endroits dans la pénombre des silhouettes, des corps qui s’entrelacent et se bécotent en plein air. Les plus discrets se retrouvent dans la cité universitaire où les chambres sont mises à contribution pour abriter des plans cul pendant cette période. Les étudiants pouvant témoigner de la réalité du phénomène ne manquent pas. Des anecdotes me sont parvenues à propos de cette foire dont une qui m’est sortie par les oreilles et qui porte sur des ébats à l’intérieur de véhicules dans l’enceinte du campus.

Bref, parlons plutôt de foutoir

J’ai par dessus tout déploré le niveau d’insensibilité à l’insalubrité du campus. Deux toilettes mobiles installées n’ont pas empêché que d’autres urinent allègrement en plein air créant ainsi une odeur désagréable. Après la fête place au ménage avec des immondices qu’il faudra dégager. Maintenant qu’on a fini de bien s’éclater il est temps de tirer des leçons.

Face aux dérives observées il urge pour l’administration amorphe du campus de prendre de bonnes mesures pour une fois. Il y aura certes toujours des à coté pendant la foire mais son organisation doit être mieux encadrée. A l’heure actuelle les conditions d’accès sont inexistantes et même un mineur peut débarquer à tout moment à cette foire qui n’en est pas une. La jeunesse qui semble laissée à elle-même a besoin d’être tirée vers le haut, orientée vers ce qui peut la grandir. Plutôt que de végéter dans des loisirs futiles elle a plus intérêt à bénéficier de meilleures conditions d’étude et de la réhabilitation d’un campus précaire et vétuste.


Présidentielle togolaise: l’abstention ou le gros point d’interrogation

Credit image: communauté blog 228
Crédit image: communauté blog 228

Le scrutin présidentiel approche à grands pas. Nous voici déjà à 5 jours de l’épreuve fatidique du 25 avril où les électeurs sont invités à prendre le chemin des urnes. Face à l’imminence du vote les togolais sont soit impatients soit allègrement indifférents. En tout cas c’est selon qu’on soit du côté des participationnistes ou de celui des boycotteurs. Ces derniers opposés à l’organisation d’une élection sans réformes constitutionnelles sont le camp dont la voix semble étouffée dans le boucan de la campagne et dont l’action, annihilée par des interdictions arbitraires.
A ce qu’il parait dans ce processus électoral il n’y a pas de place pour le discours du boycott porté par le front « Tchoboé » composé de certains partis d’opposition et des organisations de la société civile. Le ministre de l’administration territoriale dans une sortie médiatique ne s’en était d’ailleurs pas caché en les considérant comme une potentielle menace au bon déroulement du scrutin et en leur adressant une mise en garde. Depuis ils sont surveillés par la police comme le lait sur le feu, muselés tel des hors la loi, des renégats. Leurs manifestations étant systématiquement empêchées, ils ont du mal à se faire entendre. Je me demande d’ailleurs pourquoi le gouvernement n’a pas encore emprunté aux écologistes français leur proposition de rendre le vote obligatoire. C’est quand même une idée géniale non ? Ca faciliterait la tâche à ceux qui bâillonnent les partisans du boycott. Il suffirait d’une loi pénalisant le boycott pour jeter en taule tous ces trouble-fêtes sans sourciller.

Le boycott, une option contre-productive

Le but de ce front étant d’inciter au boycott du vote à défaut de la suspension du processus électoral, je m’interroge sur l’intérêt qu’il peut y avoir concrètement à boycotter une élection.

Certes je ne suis pas de ceux qui conçoivent le droit de vote au sens strict. Autant qu’il a le droit de voter, le citoyen est en plein droit de décider de s’en abstenir pour des raisons propres. Le vote ne doit en aucun cas être ressenti comme une contrainte car l’abstention peut aussi traduire un message de l’électeur. Cependant il me faut reconnaitre une réalité. L’histoire politique du Togo nous enseigne que l’option du boycott n’a jamais servi à grand-chose. Elle s’est même avérée fatale pour l’avenir démocratique du pays. S’il y a eu modification unilatérale de la constitution en 2002 sous le long règne d’Eyadéma, c’est en partie à cause du boycott des législatives par l’opposition permettant ainsi au régime de prendre contrôle de tout le parlement. L’opposition qui réclame aujourd’hui la révision de cette constitution bancale qui est la nôtre au Togo doit admettre sa part de responsabilité. Son choix du boycott à l’époque a marqué un tournant négatif dont la génération actuelle subit les dures conséquences. En clair le boycott en matière électorale ne peut profiter qu’à ceux contre qui il est dirigé et son impact sert rarement l’intérêt des abstentionnistes.

L’abstention, élément déterminant du scrutin

Quoiqu’il en soit, je crains fort que la logique du boycott trouve un écho favorable dans l’électorat. Le contexte socio-politique de cette élection prête à redouter sérieusement le spectre du boycott ou de l’abstention. Point n’est besoin de m’étaler sur la grogne sociale qui secoue le pays depuis plusieurs mois sous le regard indifférent des autorités. Celles-ci ne font que briller par une fuite en avant en fermant les écoles et en prolongeant les congés de pâques au 4 mai sous prétexte de préserver la sécurité des élèves en période électorale. Une telle situation pourrait désintéresser certains fonctionnaires du scrutin tandis que d’autres seraient amenés à sanctionner le pouvoir dans les urnes.

Et puis il y a ce grand imbroglio sur les réformes constitutionnelles, une nécessité qui dépasse pourtant les clivages politiques. A la lumière d’un sondage 85% de togolais-indépendamment du bord politique-s’étaient déclaré favorables à ces réformes destinées à rétablir le verrou de la limitation du mandat et le scrutin à 2 tours. Les espoirs du renouveau démocratique ont encore été déçus par l’échec des projets de réformes soumis au parlement. Le gouvernement qui a vu son projet rejeté par sa propre majorité au parlement s’est permis de considérer ce désaveu comme la preuve de la vitalité de la démocratie au Togo. Diantre ! De quelle vitalité nous parle-t-on ? Personne n’est assez dupe pour croire à pareille fable. On sait bien que cette majorité parlementaire qui voue allégeance à son président et qui lui sert de caisse d’enregistrement n’est pas capable d’opérer un tel revirement de son propre chef.

Aujourd’hui je suis bien curieux de savoir combien parmi ces 85% de togolais auront le courage d’aller faire un choix entre ces acteurs qui n’ont pas été foutus de satisfaire leur aspiration aux réformes. Après un taux d’abstention de 35,32% au scrutin de 2010 qu’en sera-t-il de cette élection ? En ce qui me concerne, moi qui fais partie des pro-réformes, j’ai du mal à déceler l’intérêt de prendre part à un scrutin qui repose sur des règles non consensuelles. Je ne vois pas en quoi une succession d’élections à problème sans un nouveau départ à travers des réformes préalables peut faire évoluer la démocratie dans ce pays. Si forte abstention il doit y avoir, c’est l’opposition qui risque d’en souffrir dès lors qu’elle part déjà avec le handicap d’une pluralité de candidatures dans un scrutin à un tour.
Du reste tout va se savoir au soir du 25 avril prochain. Let’s wait and see.


Campagne et déséquilibre:on n’y voit (principalement) que du bleu

Affiches de quelques candidats à Lomé credit:eli.mondoblog.org
Affiches de quelques candidats à Lomé
credit:eli.mondoblog.org

En attendant de trouver une réponse à ma question posée dans le dernier billet, je me propose à présent de partager avec vous chers lecteurs, un regard sur la campagne électorale qui bat son plein depuis le 10 avril. Au prime abord, qu’on se le tienne pour dit : il ne s’agit pas ici de faire la promotion d’un candidat au détriment des autres, loin s’en faut. Il est question d’observations et d’analyses quant au déroulement de la campagne.
Cette campagne qui a timidement démarré va bon train dans une ambiance mitigée face à une population divisée entre participation et boycott, face à un électorat qui compte des indécis qui observent avec indifférence. Ce qui frappe l’attention c’est le niveau d’engagement des différents partis qui participent à la compétition. A ce sujet j’ai pu constater du moins à Lomé, une forte présence du parti au pouvoir en termes de visuels sur le terrain. Aux premiers jours de la campagne, l’abondance des affiches à l’effigie du président sortant à Lomé pourrait faire croire qu’il n’y a qu’un seul candidat à cette élection.

Ça crève les yeux dans tout Lomé, la ribambelle d’affiches et de portraits du candidat au pouvoir à côté des images d’autres candidats qui se comptent du bout des doigts. Les candidats de l’opposition ont certes fait des efforts pour tenter de rattraper le retard sur leur adversaire mais la visibilité de ce dernier reste très importante. En tout cas en ce qui me concerne, je vois essentiellement du bleu (couleur du parti au pouvoir) à travers toute la ville qui se voit ainsi imprimer un décor inédit. Des caravanes imposantes aux couleurs du parti ne cessent de sillonner mon quartier pendant que celles des autres sont toujours attendues. Dans la rue ces caravanes équipées de matériel de sonorisation créent tout un boucan qui détourne l’attention des passants.

Il est saisissant, l’écart par rapport aux autres candidats quant aux moyens investis pour la campagne. Avec toute une pléiade de gadgets tape à l’œil qui circulent, le moins qu’on puisse dire est que le camp du parti au pouvoir ne fait pas dans la dentelle: eau minérale, bouteilles de champagne, pâtes alimentaires, sacs de riz, bref tout y passe. Pour la circonstance on est même allé jusqu’à créer une application android.

Credit: eli.mondoblog.org
Credit: eli.mondoblog.org

Et oui ! Nous sommes bien au Togo et non dans une campagne américaine.
Peut-être ce déséquilibre contenterait certains militants mais en tant qu’électeur j’aurais aimé voir les candidats participer à la campagne à armes égales-même si cela reste un idéal- et que le débat politique prenne le pas sur les artifices du jeu de séduction. J’espère tout de même que les soupçons de dépassement des comptes de campagne qui ont fusé des rangs de l’opposition en 2010 ne vont pas resurgir cette année. A propos de comptes de campagne il y a lieu de rappeler que le code électoral togolais établit un plafond (500 millions FCFA pour l’élection présidentielle) dont le dépassement est passible de sanction pénale. Un délai est également prévu dans lequel chaque parti ayant pris part au scrutin doit déposer son compte de campagne auprès de la cour des comptes.

Tout de même au-delà du déséquilibre il importe de relativiser et garder à l’esprit une chose : dans une élection démocratique la chance de réussite d’un candidat est beaucoup plus fonction de la pertinence de son projet. Les candidats sont d’ailleurs attendus sur ce qu’ils proposent aux électeurs plutôt que sur le tintamarre de leurs militants. Les problèmes actuels sont assez sérieux pour qu’il soit inutile de se laisser distraire.Les togolais qui dans leur majorité aspirent à un mieux-être socio-économique sont plus enclins à savoir ce que chaque candidat entend faire pour satisfaire leur aspiration. C’est là même que réside l’intérêt de la campagne. A chacun donc de reconnaitre la partition qui est la sienne: pour celui qui invoque l’alternance, convaincre le public de son aptitude à mieux gouverner , et pour celui est aux affaires montrer aux électeurs en quoi il mériterait d’être reconduit à la tête du pays.

Bonne campagne à tous et que le meilleur (dans les urnes) gagne.


Au bal des élections africaines le Togo peut-il danser comme le Nigeria?

Dépouillement dans un bureau de vote Crédit: lanouvellerepublique.fr

Au bal des élections africaines en 2015 le Nigeria vient de jouer sa partition de fort belle manière. L’heureux épilogue du scrutin marquant la première alternance démocratique du géant de l’Afrique a été rendu possible par le fair-play exemplaire d’un Goodluck Jonathan défait. Dans une Afrique en plein balbutiement démocratique où les élections sont rarement une partie de plaisir, le scénario nigérian est un bel exemple pour les autres pays africains qui se préparent à la présidentielle.


Le continent assistera cette année à une série ou plutôt un bal d’élections. A ce bal ouvert par la Zambie et le Nigeria, le Togo est aussi attendu parmi tant d’autres. Pourra-t-il s’inspirer de l’exemple nigérian, danser aussi bien sinon mieux que le Nigeria ?
Bien évidemment, face au dénouement du scrutin nigérian beaucoup de Togolais ont été saisis d’admiration et ont nourri secrètement le rêve de connaître la même embellie, la même fièvre au soir de la proclamation des résultats de la présidentielle. Oui, beaucoup veulent que ce pays étonne positivement l’Afrique par une élection propre et des résultats crédibles acceptés de tous.

Les Togolais voudraient bien d’une élection à la nigériane sur leur territoire, mais ils ne sont pas pour autant naïfs. Ils sont conscients qu’en matière électorale le Togo reste égal à lui-même, indifférent à toute embellie qui tient à un scrutin exemplaire sous d’autres cieux. En ce qui me concerne, depuis le jour de délivrance de ma première carte d’électeur je n’ai jamais connu d’élection présidentielle sans contestations. Chaque scrutin présidentiel déchaîne les passions, fait l’objet de vives accusations de fraudes et parfois est émaillé de violences comme on en a connu en 2005. Une année noire qui continue de marquer les esprits et que personne n’est près de revivre.

259 735 doublons ?

Aujourd’hui il est difficile d’imaginer pour la présidentielle togolaise un épilogue similaire à celui du Nigeria. Les conditions dans lesquelles cette élection se prépare prêtent au scepticisme. Nous nous acheminons vers un scrutin dénué de suspense et au verdict prévisible, car des obstacles à la transparence pointent déjà.
La fiabilité du fichier électoral cristallise toutes les attentions de l’opposition qui relève certaines défaillances. En attendant le rapport des experts de l’OIF sollicités par le gouvernement, Alberto Olympio du Parti des Togolais estime que le fichier serait infesté d’au moins 259 735 doublons selon ses enquêtes. Ce dernier dont la candidature était pressentie a d’ailleurs justifié son refus de se présenter par la mauvaise qualité du fichier électoral. En dépit des cris d’alerte qui fusaient dans le pays, il a fallu au gouvernement une proposition de la Cédeao pour décider d’un report de 10 jours du scrutin. Un délai insuffisant et qui risque de compter pour du beurre à en croire Judith.

A quoi bon organiser une compétition dont des règles ne sont pas unanimement admises par les joueurs ? Depuis la modification unilatérale de la constitution en 2002 nous sommes passés du scrutin à 2 tours à un scrutin à un seul tour que le regretté général Eyadema a jugé bon de baptiser « un coup K.O ». Incapable de contraindre le pouvoir aux réformes prévues par l’accord de 2006, l’opposition qui a toujours décrié ce mode de scrutin continue quand même d’aller aux élections avec à la clé les mêmes résultats. Elle accompagne toujours le pouvoir à chaque élection en l’absence de règles électorales consensuelles pour en sortir bredouille.

Des résultats connus d’avance

Comment espérer un scénario à la nigériane alors que ce scrutin par son organisation ne diffère pas de celui de 2010 qui a été contesté ? Qu’y a-t-il de particulier à attendre d’un scrutin qui ne repose pas sur de nouvelles bases, faute des réformes préalables désirées par 85 % de Togolais ? De l’issue du scrutin nigérian on a vite fait de déduire que désormais en Afrique un président pouvait organiser une élection et la perdre. Ah bon hein ?! Vous croyez vraiment que c’est pour rien que notre « papa Faure » s’est donné la peine de surseoir à ses voyages intempestifs pour enchaîner les inaugurations ? C’est mal connaître l’homme et le pays. D’ailleurs, ce n’est quand même pas une opposition divisée entre participationnistes et boycotteurs qui va le priver du sésame pour les délices d’un 3e mandat. Les choses prenant l’allure d’une formalité d’usage, je n’ai même pas besoin d’aller voter le 25 avril prochain. Je ferais mieux d’attendre tout bonnement devant mon petit écran la proclamation de ces résultats qu’on connaît déjà. En tout cas, je ne demande qu’à être agréablement surpris.

Au-delà de tout, le beau spectacle du Nigeria me fait penser que bon an mal an, la démocratie en Afrique est en train de faire son chemin. On a vu survenir dans certains pays des changements positifs qu’on aurait difficilement imaginés jadis. C’est bien au Nigeria, ce pays gangrené par tant de divisions politico ethniques que s’est opéré une alternance dans des conditions pacifiques. C’est bien ce général Buhari ancien putschiste ayant assujetti le pays au pouvoir militaire qui revient aux affaires par une voie régulière et démocratique. La roue de l’histoire tourne, tout est possible en ce monde et bien malin qui pourra prédire les événements futurs avec exactitude.