Flambée du prix du carburant:l’essence bientot un luxe au Togo?

19 janvier 2014

Flambée du prix du carburant:l’essence bientot un luxe au Togo?

credit: educatif.net

Attablé à la maison tout près de la radio allumée, j’ai carrément perdu l’appétit en apprenant la nouvelle…ou plutôt le cadeau de nouvel an réservé aux Togolais. Une décision qui vient crucifier beaucoup de ces Togolais qui vivotent et tirent le diable par la queue. Alors que le fardeau des difficultés sociales est déjà lourd à supporter pour une population démunie, nos décideurs ont jugé bon d’augmenter le prix des produits pétroliers (essence, mélange, gasoil, gaz butane) à l’exception du pétrole lampant.

Il est vrai que ces prix sont liés aux fluctuations des cours mondiaux du pétrole, et que selon le gouvernement la subvention de ces produits pèse sur le budget de l’Etat mais il faut aussi admettre que ces prix ne cessent de flamber ici depuis des années. A cette allure, ravitailler son engin dans une station d’essence pourrait devenir un luxe au profit de l’essence frelatée vendue clandestinement, à un prix plus abordable et stable. D’ailleurs malgré son interdiction la consommation du carburant frelaté connait de nombreux abonnés et en connaitra davantage dans les prochains jours. Communément appelé « boudè », l’essence frelatée risque de devenir l’ultime recours de la grande majorité de Togolais. Ils seront obligés de défier l’autorité par nécessité en optant pour cette consommation illégale. De toute façon on ne leur laisse pas le choix. Comment peut-on leur interdire de recourir à l’essence frelatée pendant que les prix des produits pétroliers grimpent ? C’est pratiquement demander l’impossible à une population qui a déjà touché le fond. Certes, les conditions anarchiques de transport et de conservation du « boudè » comportent d’importants risques d’incendie, mais au moins il est à la portée de toutes les bourses.      

En ce qui me concerne, je me pose des questions. Jusqu’à quel point mon budget modeste pourra t il supporter la hausse continue de ces prix ? Pour l’heure je ne suis pas encore tenté par le « boudè » mais je n’en suis pas si loin. En tout cas la prochaine fois que je me rendrai dans une station d’essence c’est avec le cœur serré que j’enfourcherai ma pauvre petite moto, elle qui me permet de me déplacer chaque jour sans avoir forcément à débourser de l’argent pour un taxi ou un zémidjan (taxi moto). Tiens ! Parlant de zémidjan, je me pose aussi des questions.

Cette situation aura-t-elle un impact sur les frais de transport ? Combien les Togolais devront ils désormais payer pour se déplacer ? Il est clair qu’à défaut de mesures d’accompagnement, les tarifs de transport seront affectés, surtout pour les zémidjans dont les tarifs sont informels et varient selon les négociations avec les clients. Je vois mal ce zémidjan, appelé chaque jour à parcourir tout Lomé pour trouver des clients, qui accepterait de pratiquer les mêmes tarifs.

En réalité je redoute pour mes concitoyens de bien lourdes conséquences parce qu’elles ne se limiteront pas au transport public. Les effets de cette hausse iront jusque dans le panier de la ménagère. Par exemple, les vendeurs de produits locaux convoyés de l’intérieur à Lomé ne manqueront pas de répercuter le cout du transport de marchandises sur le prix de vente. Il en sera de même pour d’autres produits qui sont importés des pays de la sous région comme l’oignon importé du Niger.

C’est donc un lendemain qui s’annonce encore rude pour la population en ce début d’année. Face à cette triste situation je me demande si ceux qui gouvernent se préoccupent du sort des citoyens qu’ils représentent. Est-ce l’intérêt général qui a motivé leur choix ? Je n’en suis pas certain à cause de l’impopularité de cette décision et des durs effets qui en découlent. Je suis encore conforté dans mon opinion par les méthodes cavalières qui ont été employées puisque contrairement aux  engagements pris par le gouvernement, les syndicats par la voix de leurs responsables ont affirmé n’avoir pas été associés à l’adoption des nouveaux prix.        

Ce qui me fait mal dans cette histoire est que seuls les pauvres contribuables que nous sommes subiront le poids de cette décision. Les ministres eux ne paient pas du carburant de leur poche parce qu’ils bénéficient de bons d’essence. C’est peut être là que s’explique tout ce cynisme. Il se peut que je me trompe mais je ne croirai à leur bonne foi que s’ils s’engagent à partager avec les citoyens le fardeau social. Pourquoi ne pas abandonner les bons d’essence par exemple si les décisions ne sont pas prises uniquement pour les autres ?      

 

 

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