Etats généraux de la presse togolaise, le déclic d’une presse aux abois?

30 juin 2014

Etats généraux de la presse togolaise, le déclic d’une presse aux abois?

presse togolaise credit photo: togoactualite.com
presse togolaise
credit photo: togoactualite.com

La presse sera à l’honneur au Togo pendant trois jours. Et pour cause, aujourd’hui près de 223 personnes se donnent rendez vous dans la ville de Kpalimé (située à 120 km au nord de Lomé) pour prendre part aux états généraux de la presse togolaise jusqu’au 2 juillet 2014. L’évènement parait assez inédit pour attirer mon regard sur le sort de la presse au Togo.    

Dans tout pays moderne la presse doit être un des leviers essentiels de la démocratie et participer à l’enracinement de la culture démocratique. Mais pour jouer pleinement son rôle elle a besoin de fonctionner en toute liberté et dans un esprit professionnel. Les organisateurs ont donc bien fait de placer ces assises sous le thème du « pari de la professionnalisation ».

C’est bien d’offrir aux professionnels des média une tribune pour débattre de leur situation, mais le plus important sera d’impacter sur leur sort à partir de ces assises. Ces états généraux n’auront de sens que par rapport à leur incidence sur l’avenir de la presse togolaise. Permettre à la presse de partir sur de nouvelles bases, tel doit être le défi à relever pour les organisateurs.

L’initiative vient à point nommé face aux maux dont souffre la presse.

Depuis l’avènement du multipartisme dans les années 90 cette presse a quand même connu une certaine évolution. Quelque avancées pour la liberté de la presse sont à noter comme l’adoption d’un code de presse libéral, le pluralisme médiatique ou encore l’élaboration d’une politique d’aide à la presse.

Malheureusement on déplore encore des entraves à l’émancipation de la presse. La sécurité des journalistes dans l’exercice de leur fonction est parfois mise à mal. Il est arrivé que certains journalistes soient victimes de bavure policière ou pris à parti par des partisans en pleine manifestation.

La corporation elle-même est politisée d’où de profondes dissensions entre journalistes. Certains ont perdu tout sens de confraternité puisqu’ils transposent leur affinité politique dans les rapports qu’ils entretiennent entre eux. Cela se ressent fortement dans la tournure que prennent souvent les débats publics entre journalistes.

Que ce soit à la radio ou à la télévision il suffit qu’un sujet politique soit abordé pour que le débat sombre dans un tohu-bohu insupportable qui vous oblige à changer de chaine. La politisation est telle qu’à entendre certains journalistes on pourrait les assimiler à des portes parole de parti politique. Il est vrai qu’un journaliste a une ligne éditoriale à défendre mais lorsqu’il manifeste du mépris pour son confrère qui le contredit, son professionnalisme doit être remis en cause.

Il faut admettre quand même que ce métier ne nourrit pas suffisamment son homme au Togo. C’est-à-dire que le journaliste se contente dans la majorité des cas d’un salaire plutôt modeste dans un contexte de vie chère. De plus, la subvention de l’Etat à la presse est jugée insuffisante par rapport aux charges qui pèsent sur les médias.

Alors ces états généraux peuvent ils avoir un effet salvateur sur une presse aux abois ?

Certains couacs qui sont survenus à la veille de l’évènement m’ont d’abord laissé perplexe quant aux chances de réussite. L’annonce du boycott des assises par le PPT (Patronat de la Presse Togolaise) qui a claqué la porte du comité d’organisation était de nature à me faire craindre un fiasco. Tout de même j’estime à présent que tout n’est pas perdu au regard de l’esprit de consensus insufflé aux assises.

Elles ont connu l’adhésion d’un grand nombre d’organisations de la presse y compris de celles qui étaient au départ réticentes. Cette large adhésion doit être mise au crédit de la ministre de la communication qui a su convaincre les organisations réticentes de regagner la barque. Cela laisse espérer que les débats se tiennent dans un cadre inclusif.

Toutefois, la réussite de cette initiative salutaire dépendra uniquement de la bonne volonté des forces en présence. Sachant la presse togolaise divisée j’appréhende des échanges tendus entre les acteurs. De la confrontation d’idées pourra jaillir la lumière si au-delà de tout chacun est soucieux de l’évolution de la presse togolaise. Les participants ont d’ailleurs intérêt à faire de ces assises une rencontre fructueuse car un succès ne pourra que profiter à tous.

Quant aux autorités de la communication elles devront éviter de mettre au placard les recommandations qui vont en découler pour ne pas réduire l’évènement à du simple folklore. Mieux la presse fonctionnera, mieux se portera la démocratie au Togo.

 

 

Partagez

Commentaires