George Weah et le piège de l’état de grâce

Article : George Weah et le piège de l’état de grâce
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8 janvier 2018

George Weah et le piège de l’état de grâce

G. Weah pendant sa campagne
Credit photo: AFP/ISSOUF SANOGO

Il y a quelques semaines, la majorité des libériens marquaient l’histoire de façon inédite. Par leur vote ils attribuaient pour la première fois le costume de Chef d’Etat à un ancien footballeur et non des moindres. Au moment d’enfiler ce costume le 22 janvier à la cérémonie d’investiture, l’heureux élu devra éviter de succomber à l’effet flatteur de la gloire car il aura fort à faire.

« Mister George », comme les fans de George Weah aiment à le qualifier, n’aura pas volé le nouveau surnom de « President George ».    

Suite à sa large victoire au second tour de l’élection présidentielle au Libéria, la liesse a été au rendez-vous et un déluge d’hommages s’est emparé de la toile pour le premier Ballon d’Or à devenir chef d’Etat. Si un vent d’état de grâce semble souffler sur lui, George Weah devrait tout de même être conscient que le plus dur commence pour lui.  

Certes l’homme a marqué de son talent le football européen, dérouté les défenses adverses dans des matchs âprement disputés. Mais aujourd’hui le match le plus difficile qu’il s’apprête à livrer n’aura pas lieu sur une pelouse mais à la présidence du Libéria. Dans un pays ruiné par une atroce guerre civile et une corruption endémique, George Weah qui porte d’immenses espoirs sur les épaules devra éviter tout triomphalisme et se retrousser les manches.

Un OVNI de la politique?  

Malgré le large soutien des jeunes majoritaires au Liberia, George Weah ne fait pas pour autant l’unanimité sur sa capacité à diriger le pays. Il devra faire face à une frange hostile de l’opinion publique qui tout au long de la campagne électorale a sous-estimé son leadership politique. Il est couvert de railleries par ses détracteurs qui le traitent d’analphabète et jugent son programme politique ambigu.

On nous insultait. On nous traitait d’analphabètes. On nous accusait d’être stupides parce qu’on soutenait George Weah ,  

a lâché un des partisans du vainqueur suite à l’annonce des résultats.

Ce regard condescendant parait bien injuste au regard des sacrifices consentis par George Weah dans sa reconversion et son engagement politique.  N’ayant pas achevé ses études avant d’entamer sa carrière sportive, l’ancien attaquant s’est bâti tout seul dans l’environnement politique comme un self-made-man. Pour se préparer à la scène politique, il a du prendre le temps de se former sur les bancs de l’université aux Etats unis. Son parcours a fait de lui un acteur politique au profil atypique, loin des cadres de l’élite traditionnelle qui se sont très tôt illustré par de brillantes études dans des universités prestigieuses. Attendu au tournant par ses adversaires, George Weah devra relever le défi de faire déchanter ses détracteurs.

Réussir là où Ellen Johnson-Sirleaf a échoué

C’est bien le principal pari qu’il devra réussir. Au moment de la passation de pouvoirs Ellen Johnson-Sirleaf, l’actuelle présidente, laissera à son successeur un pays dont l’économie est minée par la corruption et qui subit les effets d’un douloureux passé marqué par la guerre et l’épidémie d’Ébola. Sensible aux propos de George Weah contre la corruption, la population attendra de lui qu’il en fasse son cheval de bataille. 

                             

Les jeunes acquis à sa cause attendront sûrement des actions concrètes contre le chômage. Il lui faudra savoir s’entourer des bonnes compétences et mobiliser des fonds importants pour relever ces grands défis.

La nouvelle gouvernance qui s’annonce sera-t-elle à la hauteur des attentes du peuple libérien ? Seul le bilan de « President George » nous en dira davantage.      

Good luck President George!

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