Togoville story 2: extase musicale dans l’esprit de Joseph Ki Zerbo.

18 août 2014

Togoville story 2: extase musicale dans l’esprit de Joseph Ki Zerbo.

Un graffiti de Trez Folly dans la cour royale de Togoville credit:eli.mondoblog.org
Un graffiti de Trez Folly dans la cour royale de Togoville
credit:eli.mondoblog.org

Samedi 9 aout 2014. Jour 2 à Togoville. Hébergé dans un couvent de sœurs catholiques comme les autres aventuriers, je suis réveillé tôt le matin par le bruit d’un train passant sur une ligne ferroviaire destinée au transport de phosphates. Après une soirée très instructive chez le Prince de Togoville j’appréhendais déjà une journée bien remplie au regard des activités au programme. Une autre journée de découverte venait  donc de commencer.
Après avoir effectué en présence du prince un don de vivres au centre de santé de Togoville nous nous offrons une randonnée touristique. C’était l’occasion de découvrir certains sites comme le monument de l’amitié togolo allemande, le collège Saint Augustin ainsi qu’un centre artisanal. Il était encore plus agréable de rester au plus près du lac Togo pour y humer de l’air frais en attendant la suite des activités dans la soirée.

A la rencontre de la pensée de Joesph Ki Zerbo
Un concert était attendu dans la soirée. Mais conformément à la tradition d’Arctivism ce concert était précédé d’une projection de documentaire. La projection mettait en lumière une illustre personnalité africaine: Joseph Ki Zerbo qui fut un historien et homme politique burkinabè. Le débat qui s’en est suivi a permis de revisiter sa pensée qui reste d’actualité même après sa mort. Dans ses ouvrages il s’est intéressé à la question de l’identité africaine et aux enjeux du développement du continent noir.
Dans « A quand l’Afrique? »-un de ses ouvrages- il s’est clairement prononcé sur l’intégration africaine qui, selon lui, doit être appropriée par la jeunesse africaine. Elle doit être l’affaire des populations et non des leaders politiques qui manquent de volonté. Il disait de ces derniers que « chacun veut être roi chez lui, le sultan, le roitelet ». A cette génération de leaders égoïstes il suggère de substituer une avant-garde constituée d’intellectuels, des femmes, des jeunes bref des gens du peuple.
A voir de près l’actualité africaine on peut relever des difficultés qui entravent sérieusement cette idée d’intégration. Au nord du Mali l’autonomie est revendiquée par les rebelles Touaregs qui rêvent d’un « état de l’Azawad », au Soudan les conflits ont eu raison de l’unité nationale avec la naissance de l’Etat du sud Soudan. Par-dessus tout nous voyons au sein de l’Union Africaine des régimes autoritaires cohabiter avec de jeunes et rares démocraties. Voilà autant d’écueils qui montrent la complexité de la question.
Malgré ce triste constat il n’y avait pas de place pour l’afro pessimisme lors d’une soirée haute en couleur

Un spectacle délirant

Dès 20 heures dans la cour royale de Togoville affluaient un bon nombre d’habitants. Hommes, femmes, jeunes et vieux s’étaient rassemblés dans la cour pour assister au concert tant attendu. Le prince lui-même accompagné de ses notables s’est installé aux premières loges pour ne rien rater de l’évènement.
Le spectacle pouvait enfin commencer. Sur le podium se succèdent des artistes engagés aux styles variés. Du rap, du slam et du reggae étaient servis. Chaque prestation s’exécutait sous les ovations d’un public chaleureux et conquis. Entrainé dans cette ambiance festive j’avais du mal à rester sur place. Il m’arrivait de me lever par moment pour esquisser quelque pas de danse. La fièvre musicale atteint son paroxysme quand au son du tam tam résonnait « zomabi Togo » (le Togo ne s’embrasera pas), un chant populaire de la localité. Avec le prince tout le monde se mit à chanter en chœur sur des pas de danse traditionnelle. Je savourais là une ambiance mémorable. Au-delà d’un temps de divertissement, moi je voyais l’expression collective d’une promesse de ne pas laisser le Togo et par extension l’Afrique sombrer dans le feu des conflits. A travers cette communion je voyais une adhésion à la pensée de Ki Zerbo qui demande de diffuser le message de l’intégration dans les milieux reculés.
Les images de cette aventure resteront ancrées dans mon esprit comme pour me rappeler les défis qu’il me faut relever en tant que jeune africain.

Voici en bonus un petit slideshow de quelques images de Togoville.


Created with flickr slideshow.
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