Retrouvons le réflexe vélo au Togo

17 février 2015

Retrouvons le réflexe vélo au Togo

Un cycliste à Lomé Crédit photo: eli.mondoblog.org
Un cycliste à Lomé
Crédit photo: eli.mondoblog.org

Au Togo, comme ailleurs en Afrique, le recours à un moyen de transport en particulier est avant tout conditionné par la profondeur de la poche. A Lomé, la capitale togolaise, bon nombre d’habitants sont friands des voitures d’occasion et surtout de la panoplie de motos chinoises qui ont envahi le marché local. Malgré l’abondance de ces moyens de transport, qui vrombissent sur les routes togolaises, le vélo demeure un véhicule couramment utilisé dans le pays. Depuis mon premier contact avec le vélo, la place qu’on lui donne au Togo aujourd’hui a bien changé. Tout au long de mon parcours scolaire, j’ai vu évoluer avec le temps le regard social porté sur le vélo. Pour moi, le vélo c’est d’abord un souvenir agréable que je garde de ma tendre enfance. La première fois que j’ai enfourché un vélo, c’était lors de mon anniversaire. J’avais alors 7 ans et mon père m’avait offert un vélo en guise de cadeau. Dans la cité minière où j’ai grandi, je pouvais me targuer d’être l’un des rares enfants à posséder un vélo. Disposer d’un vélo à cette époque était un privilège. Mais en avoir à un très jeune âge l’était encore plus, ce qui suscitait chez mes amis à l’école l’admiration des uns et la jalousie des autres. En toute fierté je chevauchais ce vélo pour me lancer à vive allure dans d’agréables balades. Mais à mesure que je grandissais, j’ai fini par m’en lasser et par le céder à ma petite sœur. Toutefois, mon rapport au vélo fut totalement bouleversé après avoir quitté la cité pour Lomé, la capitale, dans les années 2000. Par manque de lycées dans la nouvelle cité où j’ai dû m’installer pour continuer mes études, mon père, pour faciliter mes déplacements, m’avait acheté un nouveau vélo. Il s’agissait d’un modèle en vogue, un VTT équipé d’un système de vitesses. Mais mon admiration pour le vélo s’est atténué dès les premiers jours passés dans ce lycée. Chaque matin je voyais des élèves -certainement des gosses de riches- arriver à l’école soit à moto soit en voiture. Pendant que j’arrivais à vélo tout en sueurs, je voyais se stationner à l’entrée de l’école des voitures d’où descendaient des élèves. C’était sans doute des enfants que les parents nantis venaient déposer. A la fin des cours, je devais passer une heure de trajet à user de la force de mes pieds, sous un soleil de plomb, pour rentrer chez moi. J’enviais ces camarades à moto ou en voiture qui me dépassaient les uns après les autres sur la route tout en me saluant de la main comme pour me dire sournoisement « bon courage ».

A mesure qu’émergent sur le marché des modèles de plus en plus attrayants de voitures et de motos, le monde n’a d’yeux que pour ces véhicules. Le parc automobile ne cesse de s’agrandir, avec ce que ça entraîne comme conséquence pour l’environnement, et le vélo devient un véhicule marginal. J’ai fini par comprendre qu’en ville être cycliste relève plus d’un mal nécessaire que d’un libre choix. Dans la plupart des cas, on opte pour le vélo non pas pour le plaisir de pédaler mais parce qu’on n’a pas d’autre choix, faute de moyens. Ayant fait mon entrée à l’université de Lomé après avoir empoché mon bac, je voyais pas mal d’étudiants se déplacer à vélo. L’abondance de bicyclettes sur le campus m’impressionnait un peu car elle tranchait avec la nette préférence des usagers pour les véhicules « à la mode ». Le vélo y est tellement présent qu’on peut dire qu’il est au paysage universitaire un élément aussi important qu’une pièce d’un puzzle. Il n’est pas rare de voir sous un arbre ou devant un amphi des bicyclettes garées les unes à côté des autres (voir images ci-dessous)

Credit photo:eli.mondoblog.org
Credit photo:eli.mondoblog.org
Credit photo:eli.mondoblog.org
Credit photo:eli.mondoblog.org

D’autres étudiants, quant à eux, n’osent pas se séparer un seul instant de leur vélo. L’usage qui en est fait sur le campus montre que le vélo, malgré tout, résiste bien à l’usure du temps. Malheureusement, il est vu d’un œil méprisant et attribué aux classes défavorisées. Le cycliste se voit de facto coller l’étiquette de démuni. La modernité nous a fait oublier les vertus du vélo et c’est dommage. Le vélo est un moyen de transport qui fait du bien à notre corps, car pédaler c’est faire du sport pour pas cher. C’est un choix économique pour nos déplacements à cause de son coût accessible. Bénéfique pour la santé, le vélo l’est aussi pour la nature. Pratiquer le vélo est  un acte écologique responsable, dans un monde menacé par le réchauffement climatique. Il n’y a aucune émission de gaz nuisible à l’environnement. Plutôt que de mépriser ce véhicule qui nous fait plus de bien que de mal, il nous faut adopter le bon réflexe vélo : réhabiliter sa vieille bicyclette délaissée dans un garage ou en s’en offrir une, ne serait ce que pour les déplacements occasionnels.

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Commentaires

Mireille
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Je savais pas que tu venais à vélo au lycée.. Tu te cachais sûrement

Eli
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Bah si mireille. C'était quand j'étais en classe de seconde. C'était évident que je préférais passer incognito lol. Merci d’être passé par ici. Kiss

Guillaume DJONDO
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Beau billet, il fut un temps où nous étions tous accro au vélo ! Ce temps est loin d'être révolu car il y beaucoup plus à gagner qu'à perdre en faisant le vélo.

Au plaisir.

Eli
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Oui tout à fait guillaume. Merci très cher.