La mobilisation contre Ebola éprouvée par des bisbilles au CHU Sylvanus Olympio

31 août 2014

La mobilisation contre Ebola éprouvée par des bisbilles au CHU Sylvanus Olympio

Entrée du CHU Sylvanus Olympio Credit: fr.africatime.com
Entrée du CHU Sylvanus Olympio
Credit: fr.africatime.com

Les soubresauts de la semaine écoulée qui ont secoué le CHU Sylvanus Olympio-plus grand centre hospitalier du Togo- m’ont rendu plus inquiet que jamais en ce temps où la fièvre Ebola frappe à nos portes. Une affaire de disparition d’un moniteur d’anesthésie a suffi à faire monter la tension.
Le 26 aout dernier, suite à la disparition d’un moniteur d’anesthésie du bloc opératoire cinq agents du bloc ont été interpelés manu militari au CHU puis mis en garde en vue avant d’être « relâchés le même jour » selon un communiqué du CHU. Ce qui n’a pas manqué de révolter le personnel qui dans un sit-in de protestation organisé le jeudi dernier a demandé la démission du directeur du CHU. Le Syndicat National des Praticiens Hospitaliers du Togo (SYNPHOT) dans sa déclaration remise au directeur reprochait à ce dernier d’avoir failli à protéger son propre personnel sur son lieu de travail. Alors que l’intéressé a sèchement rejeté la demande de démission, le SYNPHOT entrevoit d’autres actions jusqu’à satisfaction de sa demande.
Ce qui m’inquiète n’est pas plus le conflit en lui-même que le contexte particulier dans lequel il intervient. A vrai dire les Togolais sont habitués à voir des problèmes surgir dans le domaine de la santé. Ils savent que le secteur de la santé est un secteur tumultueux. Le service public de la santé est régulièrement en proie à des tensions à cause d’exécrables conditions de travail qui poussent les syndicats à des mots d’ordre de grève. J’ai encore en mémoire le mouvement de grève en 2013 qui a paralysé tout le système sanitaire pendant quelques mois.
Mais ce dernier conflit auquel fait face le CHU me semble plus grave pour deux raisons.
D’abord il marque une fracture, jette un froid entre le personnel de l’hôpital et son directeur. En tout cas c’est certain, les rapports entre le personnel et sa hiérarchie s’annoncent plus tendus que jamais. Comment s’organisera alors le travail maintenant que le directeur a perdu la confiance de ses collaborateurs ?

Je crains aussi que cette situation délicate ne favorise un dysfonctionnement préjudiciable à la lutte contre Ebola.  Alors que le pays est engagé sur le front de la lutte contre le virus Ebola ce nouveau conflit intervient au mauvais moment. Le virus Ebola se faisant encore plus menaçant, l’heure devrait être à la vigilance et à la mobilisation de tous les services sanitaires du pays. La réussite du plan de lutte contre l’épidémie est à ce prix. Malheureusement la crise si elle persiste pourrait bien troubler le dispositif de lutte qui d’ailleurs présente des failles.
En réalité le dispositif sanitaire du gouvernement contre Ebola est décrié par les agents publics de la santé pour ses insuffisances.

Des médecins syndicalistes se plaignent de l’absence de garanties pour la sécurité du personne soignant. Le choix de l’emplacement de certains centres d’isolement est contesté à l’instar du centre d’isolement de Lomé situé en plein campus universitaire. La plupart de ces centres manquent de certains équipements pour le traitement. Le matériel approprié pour détecter le virus Ebola chez un malade n’étant pas disponible, des analyses doivent se faire à l’extérieur du pays. Des efforts restent aussi à faire pour la sensibilisation dans les milieux reculés où on continue de s’adonner allègrement à la consommation de la viande de brousse pourtant déconseillée.
Ainsi donc les autorités concernées ont l’impérieux devoir d’éviter un enlisement du conflit au CHU et surtout de veiller à ce que les auteurs du vol du moniteur d’anesthésie soient recherchés et punis dans le respect de la loi. Le service public de la santé étant destiné à satisfaire un besoin essentiel de la population, il y a lieu de prendre les bonnes décisions pour ne pas dresser une voie royale au virus Ebola. Nous y avons tous intérêt car lorsque le service public de la santé fonctionne mal, c’est toujours nous pauvres populations qui en pâtissons.

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