En attendant la CAN, mon requiem pour le football togolais

5 décembre 2014

En attendant la CAN, mon requiem pour le football togolais

Adebayor credit:dechedjou-management.info
Adebayor
credit:dechedjou-management.info

Les pays qualifiés pour la Can 2015 sauvée de justesse connaissent leurs adversaires depuis le tirage au sort du 3 décembre. Quant au Togo, il ne sera tout simplement pas de la partie alors qu’il était quart de finaliste en 2013. Surprenant ? Pas tant que ça. L’échec était prévisible et certains y ont même vu la main de Dieu. Il les aurait exaucés en leur évitant une nouvelle campagne d’extorsion de mobilisation de fonds des contribuables dont personne n’aurait rendu compte comme d’habitude. Le football déjà agonisant dans ce pays a reçu un dernier coup de salve avec cette élimination. Aujourd’hui le football a besoin d’un requiem car les togolais ont tué leur sport favori.

Au soir de la sèche élimination d’Adébayor et compagnie à Accra, je vous prie bon Dieu d’accorder au football togolais un repos doux et paisible.
Très cher et regretté football, je garderai en mémoire tous tes bienfaits à un peuple qui n’avait d’yeux que pour toi et qui, dans sa misère crasse ne trouvait le sourire que par toi, le temps d’un match des éperviers. Tu faisais même sourciller les hommes politiques car aucun d’eux ne pouvait rassembler autant de togolais que toi. Au gré des victoires et des exploits tu étais devenu le premier parti des togolais. Un parti qui n’était pas comparable à une quelconque formation politique encore moins, au novice parti des togolais d’Alberto Olympio.

A la faveur d’une première qualification pour le mondial, c’est bien toi qui en 2005 apportait l’étincelle dans un pays profondément meurtri et déchiré par d’atroces violences électorales. Comme si c’était hier, je me souviens bien de ce jour de liesse où dans un élan de folie je sortais dans la rue pour crier ma joie au milieu d’une grande foule.
Je me souviens aussi de l’hystérie que tu as semée dans mon quartier pendant la Can 2013. D’abord une victoire contre l’Algérie créait l’euphorie. Puis vint la qualification historique pour les quarts de finale. La nuit a été longue. Aphtal, le supporter maso pourrait en témoigner. Tout le quartier était dans la rue, y compris ceux qui ne comprenaient rien au jeu. Même les policiers s’étaient joint à la fête alors qu’en temps normal, civils et policiers sont comme chiens et chats.

Malheureusement tu nous as été arraché, toi le seul vecteur d’unité qui nous restait. Tu as été emporté par la sempiternelle crise qui secoue la Fédération Togolaise de Foutaises zut que dis-je, de Football. Néanmoins j’implore sur tes assassins le pardon divin pour tout le tort causé.

Au fil des années, des voix s’élevaient sans cesse contre les pratiques suicidaires de la fédération mais son étourdissement a fini par avoir raison d’un football qui n’existe que de nom. Par d’innombrables et grossières tares, nos amis de la fédération ont ruiné le sport roi. Dilapidation des fonds de la FIFA alloués à la professionnalisation des championnats locaux, défections à la fédération dont le président est accusé d’abuser de son pouvoir, absence de politique de formation de jeunes joueurs ce sont là certains des maux qui ont miné le sport roi. La cinglante défaite (4à1) subie en novembre à domicile devant la séduisante équipe de Guinée n’est que l’illustration d’une descente aux enfers.

globalsport-togo.com
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Je vous supplie bon Dieu de m’aider à savoir pourquoi le premier ministre qui voulait voir le Togo se qualifier n’a pas tenu sa promesse de présenter les comptes de la Can 2013. Faites moi savoir ce que Togocel a bien pu faire de l’argent qu’il a pris au contribuable en surtaxant les appels téléphoniques sous prétexte de soutenir les éperviers lors de la Can 2013. J’ai soif, les togolais ont soif de savoir.

Je vous prie également d’apaiser ma douleur intérieure née des pertes de vies humaines subies pour la seule cause du football.

Photo Reuters
Photo Reuters

Nul ne pourra oublier que des hommes et des femmes ont laissé leur vie. Certains ont péri dans un crash d’hélicoptère en Sierra Leone, d’autres se sont écroulé sous les rafales des mitrailleurs de Cabinda. L’effusion du sang des martyrs a laissé l’amère impression d’un gâchis car elle n’a pu entrainer une prise de conscience pour sauver un football mourant. Qu’ils reposent en paix.

Puisse Dieu entendre et exaucer ma prière pour ce football défunt, à moins d’une résurrection ou d’une renaissance au grand bonheur du public togolais.

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