Education au Togo: jusqu’où descendrons nous? (2ème partie)

19 juillet 2016

Education au Togo: jusqu’où descendrons nous? (2ème partie)

Crédit photo: Happuc Photographie

Elle est tellement libre, si libre la chute du système éducatif togolais que le sujet à lui seul rassemble trois blogueurs dans une série de billets ouverte par Marek. La suite de cette série je l’ai écrite avec une pensée pour les candidats au Bac qui attendent désespérément de connaitre leur sort pendant que leurs autres camarades savourent déjà les vacances. Ces vacances où j’en vois qui déambulent ces temps-ci dans les ruelles de mon quartier. Tout heureux sont-ils de délaisser pour un temps leur uniforme pour arborer à volonté des tenues à l’air du temps pour faire swag, comme on dit. Tout comblés se sentent-ils de retrouver à la faveur des vacances une certaine bouffée d’air après le stress des examens. Bref. Les fameux examens, revenons-y !

Je me doute bien que, tout comme moi, mes compères Renaud et Marek en ont entendu des choses durant cette année scolaire. Une année secouée par une série d’incongruités autour des examens et des résultats. Faudrait-il ressasser tout le théâtre qui a été servi à une opinion publique habituée à des rebondissements à chaque année scolaire ?

Une fois de plus nous avons frôlé le scandale avec des faits qui ont défrayé la chronique : annulation d’une épreuve du bac 1ère partie qui serait hors programme, annulation partielle du concours d’entrée à l’Ecole Normale d’Instituteurs (ENI) en raison de fraudes de certains candidats. A tout cela se sont ajoutées les folles rumeurs nées de la longue attente des résultats du Brevet d’Etudes du Premier Cycle. A mesure que ces résultats se faisaient attendre, d’aucuns affirmaient qu’ils étaient tellement médiocres qu’un traitement cosmétique serait opéré pour gonfler le taux de réussite.

Vérité ou pure affabulation ? Question pour un champion !

A première vue, les résultats officiels semblent ne rien avoir de si alarmant. Bien qu’évoluant en dents de scie depuis quelques années, le taux de réussite (59,54% pour le BEPC et 80% pour le CEPD)  n’est pas des plus minables et on serait même tentés de croire que tout va pour le mieux dans le domaine de l’éducation. Et bien, vous risquez de vous méprendre en vous fiant trop à ces chiffres car ils sont flatteurs pour qui connait l’état actuel du système éducatif togolais.

En réalité, ils cachent mal les défaillances d’un système aux abois. Un système dont les tares organisationnelles ouvrent le champ aux fraudes comme au dernier concours de l’ENI. Un système qui par sa léthargie a fini par entretenir la médiocrité du travail chez un certain nombre d’élèves. Aujourd’hui, le sens de l’effort et la culture de l’excellence sont occultés par des méthodes laxistes qui prévalent dans certains établissements scolaires. Ce sont des écoles où malgré une moyenne faible, un élève peut à la faveur de petits arrangements financiers, être facilement être déclaré admis. Il est évident qu’un tel élève voit son parcours pâtir d’autant de largesses lorsqu’il a par la suite toutes les difficultés du monde à décrocher son BEPC ou son Bac.

Le comble de tout ce méli-mélo est de constater que la gangrène sévit même au-delà de l’enseignement primaire et secondaire. Les élèves qui par leurs efforts parviennent à décrocher le Bac découvrent dans l’enseignement supérieur des déviances similaires dont ils sont bénéficiaires ou victimes. La décrépitude avancée des universités publiques a ouvert la voie au développement de l’initiative privée dans l’enseignement supérieur. Les universités privées qui pullulent aujourd’hui sont comme une bouée de sauvetage pour des étudiants désabusés par les carences des universités publiques. Malheureusement, bon nombre de ces établissements privés s’apparentent à des entreprises qui prennent des sommes colossales aux étudiants en échange d’une formation au rabais. Quand on a un peu d’argent, point n’est besoin de trop se casser la tête dans les études. Avec ces universités privées vous pouvez aisément vous offrir un diplôme sans avoir lu une seule page de cours.

Quelle est au juste la vocation de l’école aujourd’hui ? Former une élite ou distribuer des paperasses de diplômes ?!

Les utilisateurs de Whatsapp n’ont d’ailleurs pas manqué de s’inviter au débat en tournant en dérision cette triste réalité. Whatsapp a vu se déchaîner des railleries à propos des grossièretés étalées par certains candidats aux examens. Rire des lacunes des élèves via Whatsapp, ce réseau social qui contribue à nourrir leurs déficiences. Ironie du sort !

Quelques photos qui ont fait le tour de la Whatsapp-sphère

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Au passage vous apprécierez  à la fois l’irresponsabilité de ceux-là qui ont osé violer le secret de la correction des épreuves et l’ingéniosité des auteurs de tels chefs d’œuvre.

Le niveau général laisse de plus en plus à désirer et les principaux acteurs de l’éducation ne font pas grand-chose pour changer cet état de choses. Au contraire certains y contribuent. Nous sommes en présence d’une lente hémorragie qu’il faut arrêter à tout prix. Un diagnostic s’impose et de nouvelles orientations sont à définir. Quid des états généraux de l’éducation promis par le chef de l’Etat le 26 avril 2013 ? Un projet qui se trouve sans doute au cimetière des promesses chimériques.  Je ne crois pas aux promesses politiques mais je ne suis pas non plus amnésique.

De toute façon, en l’état actuel des choses, il n’y a que deux options possibles : se ressaisir pour préserver l’avenir de la jeunesse ou rester indifférent pour laisser notre société toucher le fond de la médiocrité.   A nous de choisir!

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