Ces mauvaises habitudes qui nous pourrissent l’air !

11 février 2014

Ces mauvaises habitudes qui nous pourrissent l’air !

Autocollant Sticker Interdit D'uriner Sur Le Mur Diam. 10 Cms
credit:priceminister.com

Mes salutations à toutes et à tous. Si vous n’avez pas encore été à Lomé, ma ville de résidence, sachez ceci : si jamais le besoin pressant (alors là pressant) vous prend d’aller aux toilettes alors que vous êtes loin de votre logement, mettez votre civilité de côté le temps de vous soulager quelque part en plein air. Drôle de conseil n’est-ce pas ? Et bien, avec le temps j’ai fini par comprendre qu’il y a à Lomé des pratiques anormales qu’il faut juste observer sans chercher à raisonner. Malgré votre décence d’homme civilisée vous pourrez vous aussi un jour être contraint de vous prêter à ces mêmes pratiques .

C’est ce que j’ai appris un soir de week-end. Sous le coup de l’ennui j’étais sorti de chez moi profiter de l’air frais à la devanture. Pendant un bon moment, je me plaisais à savourer ce vent frais qui me pénétrait le corps jusqu’aux os quand un piteux spectacle me mit dans tous mes états. Un homme s’est approché, a sorti son sexe de son pantalon puis a commencé par uriner allègrement tout près de la clôture de la maison. Je lui ai demandé des explications sur son geste.

-Monsieur que faites-vous là ? C’est sur la clôture d’une maison que vous venez d’uriner ?

Apparemment ivre, il prend le temps de bien ranger son appareil urinaire dans le pantalon, me fixe d’un air mécontent avant de me lancer :  « Qui es-tu toi pour me parler de la sorte ? Fous-moi le camp d’ici. »

J’ai à peine tenté de répliquer qu’il s’est jeté sur moi et m’a tenu par le col de mon t-shirt. Révolté par un tel comportement, je sentais monter l’adrénaline. J’ai tenté de me débattre pour enlever ses mains. Il n’en fallait pas plus pour sonner le début d’une bagarre. Alertés par ce qui se passait les voisins accoururent pour s’interposer.

En réalité cette anecdote me renvoie à la question de salubrité publique devenue un problème épineux pour bon nombre de compatriotes et que partagent d’ailleurs beaucoup de pays africains. Pour moi, cet homme devait uriner dans un endroit plus approprié. Mais où pouvait-il aller dans cette ville où il n’y a quasiment pas de latrines publiques ? Peut être qu’il aurait pu frapper à des portes, mais combien de ménages accepteraient d’ouvrir à un inconnu ?

J’ai moi-même fini par m’adapter à cette réalité. Quand je ne sais  pas où uriner, je me permets parfois de me planquer dans un coin de rue, et ce malgré ma civilité.       

Les gens ici ont pris l’habitude d’ouvrir la fermeture de leur pantalon ou baisser leur jupe pour se soulager n’importe où sous le regard indifférent des autres parce qu’ils n’ont pas vraiment le choix. Le problème est tel qu’on peut trouver à de nombreux endroits des inscriptions du genre : « INTERDIT D’URINER ICI »

040411-interdit-1

Pourtant, ces mises en garde n’y changent rien.  

Certes il y a lieu de dénoncer cette forme d’insouciance collective, mais à l’origine de cette situation il y a l’absence de latrines publiques. Pendant longtemps les autorités publiques ont baissé la garde quant à la protection de notre environnement. Les services d’hygiène qui existaient dans les communes ont disparu de la circulation. Les poubelles disponibles sur les places publiques sont largement insuffisantes.

Il est paradoxal d’exhorter les populations à entretenir leur environnement lorsque des dispositions nécessaires ne sont pas prises pour satisfaire leur droit à un environnement sain.

L’impérieuse nécessité d’agir

L’assainissement des milieux urbains et ruraux doit être vu comme un axe important de la gouvernance parce qu’il peut déterminer le bien-être social. C’est pourquoi il faut solliciter davantage d’investissements dans l’intérêt de la salubrité publique par exemple en mettant des latrines publiques à disposition des populations.

Dans ce sens le système Ikotoilet au Kenya est un bel exemple d’initiative privée à suivre. C’est l’œuvre d’un particulier kényan qui a installé près d’une quarantaine de toilettes publiques propres et bien aménagées dans la capitale et d’autres localités du pays. Ce qui montre que la salubrité publique est l’affaire de tous et que les citoyens que nous sommes doivent aussi agir pour combler les défaillances des autorités sur ce terrain.

Enfin, l’assainissement passe par une prise de conscience collective des populations qui doivent comprendre qu’elles protègent leur santé en prenant soin de leur environnement immédiat.

Le droit à un environnement sain implique aussi le devoir de l’entretenir. 

           

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Commentaires

otibou
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bref mon frère.un pavé jeté dans la marre!!! en tout cas c'est bien écrit

Eli
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merci cher ami.espérons que les habitudes changent.

zoé
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Bien écrit :)

Eli
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Merci bien chère zoe.