Campagne et déséquilibre:on n’y voit (principalement) que du bleu

16 avril 2015

Campagne et déséquilibre:on n’y voit (principalement) que du bleu

Affiches de quelques candidats à Lomé credit:eli.mondoblog.org
Affiches de quelques candidats à Lomé
credit:eli.mondoblog.org

En attendant de trouver une réponse à ma question posée dans le dernier billet, je me propose à présent de partager avec vous chers lecteurs, un regard sur la campagne électorale qui bat son plein depuis le 10 avril. Au prime abord, qu’on se le tienne pour dit : il ne s’agit pas ici de faire la promotion d’un candidat au détriment des autres, loin s’en faut. Il est question d’observations et d’analyses quant au déroulement de la campagne.
Cette campagne qui a timidement démarré va bon train dans une ambiance mitigée face à une population divisée entre participation et boycott, face à un électorat qui compte des indécis qui observent avec indifférence. Ce qui frappe l’attention c’est le niveau d’engagement des différents partis qui participent à la compétition. A ce sujet j’ai pu constater du moins à Lomé, une forte présence du parti au pouvoir en termes de visuels sur le terrain. Aux premiers jours de la campagne, l’abondance des affiches à l’effigie du président sortant à Lomé pourrait faire croire qu’il n’y a qu’un seul candidat à cette élection.

Ça crève les yeux dans tout Lomé, la ribambelle d’affiches et de portraits du candidat au pouvoir à côté des images d’autres candidats qui se comptent du bout des doigts. Les candidats de l’opposition ont certes fait des efforts pour tenter de rattraper le retard sur leur adversaire mais la visibilité de ce dernier reste très importante. En tout cas en ce qui me concerne, je vois essentiellement du bleu (couleur du parti au pouvoir) à travers toute la ville qui se voit ainsi imprimer un décor inédit. Des caravanes imposantes aux couleurs du parti ne cessent de sillonner mon quartier pendant que celles des autres sont toujours attendues. Dans la rue ces caravanes équipées de matériel de sonorisation créent tout un boucan qui détourne l’attention des passants.

Il est saisissant, l’écart par rapport aux autres candidats quant aux moyens investis pour la campagne. Avec toute une pléiade de gadgets tape à l’œil qui circulent, le moins qu’on puisse dire est que le camp du parti au pouvoir ne fait pas dans la dentelle: eau minérale, bouteilles de champagne, pâtes alimentaires, sacs de riz, bref tout y passe. Pour la circonstance on est même allé jusqu’à créer une application android.

Credit: eli.mondoblog.org
Credit: eli.mondoblog.org

Et oui ! Nous sommes bien au Togo et non dans une campagne américaine.
Peut-être ce déséquilibre contenterait certains militants mais en tant qu’électeur j’aurais aimé voir les candidats participer à la campagne à armes égales-même si cela reste un idéal- et que le débat politique prenne le pas sur les artifices du jeu de séduction. J’espère tout de même que les soupçons de dépassement des comptes de campagne qui ont fusé des rangs de l’opposition en 2010 ne vont pas resurgir cette année. A propos de comptes de campagne il y a lieu de rappeler que le code électoral togolais établit un plafond (500 millions FCFA pour l’élection présidentielle) dont le dépassement est passible de sanction pénale. Un délai est également prévu dans lequel chaque parti ayant pris part au scrutin doit déposer son compte de campagne auprès de la cour des comptes.

Tout de même au-delà du déséquilibre il importe de relativiser et garder à l’esprit une chose : dans une élection démocratique la chance de réussite d’un candidat est beaucoup plus fonction de la pertinence de son projet. Les candidats sont d’ailleurs attendus sur ce qu’ils proposent aux électeurs plutôt que sur le tintamarre de leurs militants. Les problèmes actuels sont assez sérieux pour qu’il soit inutile de se laisser distraire.Les togolais qui dans leur majorité aspirent à un mieux-être socio-économique sont plus enclins à savoir ce que chaque candidat entend faire pour satisfaire leur aspiration. C’est là même que réside l’intérêt de la campagne. A chacun donc de reconnaitre la partition qui est la sienne: pour celui qui invoque l’alternance, convaincre le public de son aptitude à mieux gouverner , et pour celui est aux affaires montrer aux électeurs en quoi il mériterait d’être reconduit à la tête du pays.

Bonne campagne à tous et que le meilleur (dans les urnes) gagne.

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Commentaires

Laurier d'ALMEIDA
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" A propos de comptes de campagne il y a lieu de rappeler que le code électoral togolais établit un plafond (500 millions FCFA pour l’élection présidentielle) dont le dépassement est passible de sanction pénale." Les 672 millions octroyés aux candidats par la CENI, on en parle ?

Quant à la préséance du bleu sur les autres dans la ville, je dirai que la vie, c'est les moyens l'ami.

Le morceau #Fauremidable dénonce tout cela avec une once d'humour. Retrouve le ici : https://t.co/EWMNOmCitq

Cordialement.

Eli
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La vie c'est les moyens et l'argent est le nerf de la guerre..même s'il ne suffit pas pour gagner le vote de la majorité. Sur les comptes de campagne je ne sais pas la source de ton information mais j'ai plutot entendu le gouvernement promettre une aide financière aux candidats.On pourra peut etre en reparler. Bien à toi Laurier

Guillaume
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J'ai finalement compris que les 4 semaines de sursis accordées aux élèves c'était pour les inciter à participer massivement à la campagne à coup de billets.

C'est quand même suprenant tout ce tintamarre auquel se livre le candidat d'unir sachant que tout ça n'influera pas sur le vote des électeurs et donc des résultats qui sortiront des urnes.

Du reste, excellent billet.

Amitiés.

Eli
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C'est vraiment surprenant et impressionnant. Merci à toi cher Guillaume